Ils ont dû aller chercher jusqu'en Estonie, mais ils ont donc trouvé un nouvel investisseur désireux de transformer la centrale au charbon de Langerlo, mise au rebut, pour y brûler de la « biomasse ». Mis à part chez Graanul Invest, où l'on compte déjà les milliards d'euros de deniers publics promis, cette illusion verte ne profitera à personne.

La biomasse à grande échelle est une catastrophe pour le climat et l'environnement

De prime abord, on peut y voir une belle histoire. Une vieille centrale au charbon polluante renaît de ses cendres pour produire de l'électricité verte et sauver le climat. Mais ce mythe a déjà été souvent dissipé. Si la centrale au charbon de Langerlo émettait environ 3 millions de tonnes de CO2 par an, sa version « verte » utilisant la biomasse en émettra 2 millions de tonnes par an. Et non, Langerlo ne rendra donc pas service au climat.

« Les arbres absorbent du CO2, donc la combustion du bois est neutre en ce qui concerne le CO2 Grâce à cette vision étriquée, la biomasse compte comme énergie verte pour nos objectifs climatiques européens. Cependant, une grande partie des granulés de bois qui seront brûlés à Langerlo – 1,6 million de tonnes par an en tout – proviendra des États-Unis, où le fournisseur Enviva est impliqué dans la destruction de précieuses forêts, dont nous avons par ailleurs besoin pour lutter contre le réchauffement climatique. Considérer qu'il s'agit d'une bonne politique climatique, ce ne serait donc qu'une pure manœuvre comptable. Et la centrale de Langerlo ne profitera pas à la nature non plus.

Les contribuables et les travailleurs y perdront, eux aussi

En outre, la centrale à biomasse coûtera cher au contribuable flamand. En effet, 2,4 milliards d'euros de subsides attendent l'investisseur estonien. Par le biais de la « Turteltaks », chaque Flamand contribuera pendant au moins 10 ans à une centrale polluante dont personne ne veut. Les experts surnomment même la biomasse le « diesel 2.0 » du fait que la combustion libère de fines particules et de la suie. Donc, non, ni le porte-monnaie ni la santé du contribuable ne se porteront mieux grâce à Langerlo.

Le personnel de la centrale a été soulagé d’apprendre son rachat par Graanul Invest, ce que je comprends tout à fait. Cela fait déjà plus d’un an qu’il vivait dans l’incertitude. Mais ne s’agit-il pas d’un cadeau empoisonné ? L’exploitation de la biomasse à grande échelle n’est déjà pas rentable aujourd’hui, et il lui sera encore plus difficile de l’être à l’avenir. Les énergies solaire et éolienne coûtent déjà moins cher actuellement, et leurs coûts ne cessent de baisser. Et dès que les subsides se tarissent, en tout état de cause, c’est la fin. De plus, au sein du gouvernement flamand, il ne se trouve plus personne pour soutenir Langerlo, et on examine déjà ce dossier à la loupe dans l’espoir d’échapper à l’énorme fardeau qu’il représente en termes de subsides. Alors, non, Langerlo n’assurerait même pas l’avenir de son personnel.

Choisir une énergie et des emplois vraiment durables

C’est ainsi que nous en arrivons à citer le seul « gagnant » de cette histoire : le repreneur, Graanul Invest. Certes, la sécurité juridique accordée aux investisseurs est importante, mais il y a des limites. Lorsque le climat, l’environnement, les consommateurs et les travailleurs risquent de faire les frais d’une décision irréfléchie, le gouvernement flamand doit reconnaître son erreur et faire passer l’intérêt public avant les investisseurs – même s’il peut être condamné au versement d’une amende.

Le climat, l’environnement et les consommateurs profiteraient davantage d’une énergie vraiment durable, et pour les travailleurs de Langerlo, c’est un plan social prévoyant des emplois durables – dans tous les sens du terme – qu’il faut mettre en place, car le Limbourg mérite mieux que Langerlo.

Cet article est paru, dans sa version originale néerlandaise, dans le journal Het Belang van Limburg du 11 juin, à titre de tribune libre