En 1992, j'avais pile 14 ans et me débattais, comme beaucoup à cet âge, dans une adolescence pleine de rêves et de projets mais sans aucune idée quant à la manière de les réaliser. En 1992, le premier Sommet de la Terre de Rio avait tout, lui aussi, d'un adolescent, avec des espoirs et des ambitions. Mais comment les réaliser ?

Du temps a passé et votre humble serviteur espère avoir évolué, peut-être revu ses ambitions à l'aune de la réalité, (mais sans avoir cédé sur l'essentiel !) et surtout avoir mis en place les moyens d'atteindre les buts fixés ! En un mot, j'espère être devenu adulte, au sens noble du terme. Hélas à Rio, vingt ans après, c'est toujours à un Sommet adolescent auquel nous sommes confrontés...

Pourtant le monde a évolué, rarement dans le bon sens depuis 1992. Quelques chiffres criants: 1,4 milliard d'habitants sont venus s'ajouter à la population globale. A titre de comparaison, jamais l'humanité n'avait atteint un tel chiffre avant les années 1930... Pendant ce temps-là, nos émissions de CO2 ont explosé et la température de notre planète a augmenté de 0,4°C. Certes, les Européens se targueront d'avoir baissé leurs émissions... C'est oublier un peu vite que par rapport à 1992, une grande partie des biens que nous consommons sont produits en Asie et que les émissions de CO2 qui y sont liés, ne sont pas prises en compte dans le quota européen. Mais continuons avec les chiffres. En 20 ans, cinq fois la superficie de la France a été déboisée ; les stocks de poissons - encore abondants en 1992 - se sont écroulés et de manière générale, chaque année, 52 espèces ont en moyenne rejoint la catégorie peu envieuse des espèces en voie d'extinction !

Un monde adulte ?

Pour faire face à ce constat, c'est d'une communauté internationale adulte dont le monde a besoin. Les négociations en cours à Rio me font, hélas, davantage penser à une cour d'école gorgée d'élèves particulièrement cyniques. Quelques exemples tirés du texte de négociation sur lequel les Etats négocient depuis des mois en vue de la conférence de Rio...

Pour les opulents États-Unis, la « faim  » est « acceptable » si elle n'est pas « extrême ». Autre exemple ? Hier encore, les pays émergents plaidaient d’une seule voix pour que les entreprises soient tenues responsables des dommages écologiques provoqués. Depuis qu'ils possèdent un grand nombre de ces grandes entreprises, les négociateurs de ces pays refusent systématiquement toute responsabilisation des sociétés…

Irresponsabilité à tous les étages

Ce genre d’attitude est tout simplement irresponsable. Nous pouvons opter pour une société vraiment durable. Il s’agit d’un objectif parfaitement atteignable qui ne nous ramènera plus à l’âge de la pierre. D’un point de vue strictement économique, c’est même rentable… Les technologies dont nous avons besoin sont disponibles. Les renouvelables sont là, partout sur terre. Et malgré cela, nous nous obstinons à foncer droit dans le mur ! Espérons que cette crise de l'adolescence de nos dirigeants passe vite. Car notre planète ne pourra plus accepter une trop longue puberté...

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