Notre responsable de campagne climat Joeri Thijs est en ce moment à Lima (Pérou). Il fait partie de la délégation belge qui suit les négociations internationales du sommet climatique. Découvrez son troisième blog ci-dessous :

"Demain" n'est pas un jour de la semaine

La fin de la première semaine du sommet climatique à Lima est toute proche. En tant que débutant, il m’arrive d’observer, perplexe, les nombreuses manœuvres qui causent des retards - parfois de plusieurs jours - lors des différentes négociations. On dirait qu’on a encore bien assez de temps devant nous pour nous permettre de parler de « tout et de rien ». Ce n’est pas le cas. « Demain » n’est pas un jour de la semaine, tweetait le négociateur philippin Yeb Sano, évincé des négociations cette année.



Saño sait de quoi il parle. L’année dernière, le typhon Haiyan a littéralement ravagé son pays, et en ce moment, on parle d’une nouvelle menace, le “super typhon” Hagupit, qui pourrait atteindre les Philippines ce samedi après-midi. Nous ne pouvons qu’espérer qu’il n’aura pas les mêmes répercussions que Haiyan. Alors que les négociateurs poursuivent leurs discussions à Lima, les Philippins ont déjà vécu sur le terrain toute la puissance dévastatrice qui se dégage des changements climatiques.

Pas besoin de convaincre les scientifiques du climat. Le panel des Nations unies en charge du climat nous a présenté les conséquences des changements climatiques que l’on connaît déjà, à savoir des changements provoqués par un réchauffement de moins de 1°C. Mais ils nous ont aussi offert un aperçu des risques énormes que comporte le scénario, accepté au niveau politique, d’une augmentation des températures de 2°C. C'est clair, mieux vaut tout mettre en œuvre pour ne pas franchir cette limite critique.

Vers un réchauffement de 4 à 6°

Le tableau est loin d’être rose. Considérant les mesures politiques actuellement en place, les experts des Nations unies ont déjà évoqué le fossé qui sépare les réductions d’émissions de gaz à effet de serre que nous allons réaliser d’ici 2020 de celles qui s’imposent pour rester sous la barre des 2°C. Malheureusement, à Lima, tout porte à croire que l’on va encore davantage creuser ce fossé entre 2020 et 2030. Autrement dit, en l’absence de mesures drastiques, nous nous dirigerons tout droit vers un monde qui se réchauffera de 4 à 6° d’ici la fin de ce siècle.

Espérons que, dans les jours à venir, on parlera de la tournure que doit prendre cette conférence. Car la voie vers un accord ambitieux et contraignant à la COP de Paris en 2015 doit absolument être tracée au Pérou. Pour Greenpeace, chaque pays doit aujourd'hui indiquer les actions climatiques qu’il compte entreprendre d’ici 2025.

Les prochains jours seront cruciaux  

Une démarche essentielle qui nous permettra de ne pas être lié, pour une trop longue période, à des objectifs trop peu ambitieux. Mais il est aussi capital de convaincre la Chine, le plus gros pollueur au monde, de maîtriser ses émissions afin qu’elles atteignent un pic au plus tard en 2025 (de préférence plus tôt car on doit agir vite) pour ensuite diminuer.

Et les Etats-Unis ? Ils défendent le principe des objectifs à atteindre d'ici 2025, en ligne avec leur politique nationale. Quant à l'Europe, avec des buts énergétiques 2030 bien trop faibles, elle joue au fauteur de troubles. Le pire scénario serait donc de voir les pays pouvoir pouvoir choisir leur délai, sans véritable fil conducteur mondial. Oui, il reste du boulot pour accorder tous les violons et placer les nations sur la bonne voie climatique, avec la possibilité de les suivre, de les évaluer et de les corriger si nécessaire. Voilà pourquoi les prochains jours seront cruciaux à Lima.

Un mot sur la Belgique enfin qui, faute de contribution au Fonds vert pour le climat, s'est fait taper sur les doigts lors de cette première semaine. De quoi augmenter la pression sur nos ministres, qui doivent urgemment déterminer quel argent ils pourront mettre sur la table à Lima. A nos yeux, 150 millions de dollars pour les trois prochaines années serait plus qu'équitable.

Je suis curieux et attends d'en savoir plus avec impatience...

Précédemment publiés :
"USA et Chine encore un peu plus sur la bonne voie ?"
"La Belgique pointée du doigt à Lima"