Un changement de stratégie a semblé se produire lorsque début mai, le gouvernement flamand a rejeté l’octroi de subsides à une nouvelle grande centrale à biomasse à Gand. Enfin, la biomasse à grande échelle était perçue comme non durable et difficilement rentable. Et pourtant, le tout récent plan énergétique flamand a ressorti la vieille centrale au charbon de Langerlo, que la société estonienne Graanul Invest veut transformer en une centrale à biomasse polluante. Où est la cohérence, monsieur le ministre Tommelein ?

Citoyens et politique pleinement favorables pour l’éolien et le solaire

La semaine dernière, le gouvernement flamand a présenté son plan pour atteindre les objectifs européens relatifs à l’énergie renouvelable d’ici 2020. Dans ce plan, le ministre Tommelein confirme vouloir donner un coup de fouet aux énergies solaire et éolienne. Il se montre ambitieux quant à la construction d’éoliennes et à l’installation de panneaux solaires en Flandre : d’ici 2020, on doit y compter 280 nouvelles éoliennes et 6,4 millions de panneaux solaires supplémentaires.

Avec son plan solaire et son plan éolien prévu pour cet automne, le ministre veut joindre la parole aux actes. Les obstacles qui faisaient perdre beaucoup de temps aux projets d’éoliennes sont pris à bras le corps. Les citoyens sont incités à investir, chez eux ou en groupe, dans l’énergie solaire, et soutenus s’ils le font. Ces plans manquent encore de vision à long terme, mais la bonne volonté n’y fait pas défaut. Et cela porte ses fruits : le mouvement d’opinion en faveur du solaire et de l’éolien, les énergies les plus durables et les moins chères, connaît un nouvel essor.

Une tromperie climatique financée par les impôts

Mais soudain, la centrale à biomasse polluante de Langerlo refait surface. Tiens, ne lisions-nous pas il y a quelques semaines que le ministre comptait ressortir sa loupe pour bloquer aussi les subsides destinés à cette centrale ? Entre-temps, il semble bien que l’on compte tout de même sur ce projet pour atteindre nos objectifs en matière d’énergie renouvelable d’ici 2020.

Nous avons déjà expliqué pourquoi miser sur la production électrique provenant de l’exploitation de la biomasse pour sauver le climat, c’est une forme de tromperie : une grande partie des granulés de bois que Langerlo devrait brûler proviendra des états-Unis et le bilan carbone du biomasse est loin d’être nul, comme on le vend trop souvent.

Ensuite, il s’agit d’un investissement très incertain, puisque la biomasse à grande échelle n’est déjà pas rentable à l’heure actuelle. La seule grande centrale à biomasse de Flandre, la centrale Max Green d’Electrabel, affiche chaque année des pertes à concurrence de 15 millions d’euros, et ce, malgré les subsides dont elle bénéficie. À l’avenir, la biomasse à grande échelle connaîtra des difficultés plus grandes encore, puisque les énergies solaire et éolienne coûtent déjà moins chères et que leurs coûts ne cessent de baisser. Et de toute façon, lorsque les subsides se tarissent, c’est la fin. Alors pourquoi gaspiller 2,4 milliards d’euros de deniers publics pour un projet polluant et déficitaire, que personne n’attend avec impatience et qui est irrémédiablement condamné à disparaître dans 10 ans ?

Économies d’énergie = pas besoin de la biomasse

Le ministre Tommelein connaît aussi bien que nous les inconvénients de la biomasse à grande échelle. C’est pourquoi il est si surprenant qu’il semble aujourd’hui compter sur Langerlo, malgré tout. Craint-il de ne pas pouvoir atteindre autrement les objectifs fixés en matière d’énergie renouvelable d’ici 2020 ? Voici déjà deux moyens d’y parvenir sans Langerlo : revoir à la hausse nos ambitions dans le domaine de l’énergie solaire et préparer d’urgence un plan d’économie d’énergie.

À court terme, la Flandre, grande consommatrice d’énergie, peut déjà réaliser de belles économies en la matière, par exemple en réduisant ses dépenses nécessaires pour l’éclairage, tant à la maison qu’au bureau. Alors, pourquoi pas un « plan éclairage », après vos plans éolien et solaire, monsieur le ministre Tommelein ? Si vous souhaitez plus d’informations en la matière, tournez-vous tout simplement vers le mouvement écologique. Par exemple, cette étude chiffre le rôle que peut jouer l’efficacité énergétique. Cela va de soi : moins nous utiliserons d’énergie, plus vite nous pourrons atteindre ces objectifs en matière d’énergie renouvelable.