Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais le coup du barbecue en octobre, en T-shirt et sandales, ça me fait froid dans le dos. Y a plus de saisons, ma bonne dame ! Le pire c'est que pendant cet été indien prolongé, nous avons encore eu la confirmation du réchauffement: le précédent triste record de fonte de glace dans l'Arctique de 2007 a failli être battu. Et alors que le monde s'apprête à se pencher au chevet du climat, la Belgique fait la sourde oreille.

* Mise à jour *
Suite au Conseil environnement de ce 10 octobre : l'Union européenne se réunissait ce lundi pour déterminer la position européenne pour la conférence climatique de Durban. Greenpeace se réjouit que l'Europe se soit engagée davantage en faveur d'une reconduction du protocole de Kyoto. Mais nous restons concerné par la place que la Belgique entend occuper dans ces débats. Nous ne pouvons donc que confirmer nos recommandations aux politiques belges qui doivent absolument y répondre avant de se rendre en Afrique du Sud.

Objectif européen  ambitieux

Le choix consiste à opter pour des réductions de 30% ou de 20% de gaz à effet de serre européens, d'ici à 2020. En réalité, il ne s'agit pas d'un choix. Les scientifiques estiment qu'avec 20% de réductions de CO2, on ne sauvera pas le climat et que 30% à l'intérieur de nos frontières correspondent au minimum nécessaire pour s'en sortir.

Or, la Flandre a refusé de s'engager pour un objectif européen de 30% comme nous l'avions espéré. Voldemort a visiblement ses entrées au sein du gouvernement flamand... La Wallonie et la Région bruxelloise se sont montrées plus téméraires et ont accepté de longue date les – 30%.

C'est ce lundi 10 octobre que la Belgique doit faire état de l'option choisie en vue des négociations internationales sur le climat qui débuteront à Durban le 28 novembre. Vu l'attitude de la Flandre, il y a peu de chances que la Belgique rallie le camp des États membres progressistes comme le Royaume-Uni ou l'Allemagne...

Ce manque d'ambition ne portera pas uniquement préjudice au climat. Il pénalisera également l'économie (beaucoup d'emplois pourraient être créés via l' économie verte) et l'Union européenne risque de perdre son leadership notamment en matière d'énergies renouvelables.

Piqûre de rappel des ONG

C'est pourquoi les ONG belges vont tenter une dernière fois d'influencer la position belge en envoyant une lettre ouverte aux décideurs politiques des échelons régional et fédéral. Dans cette lettre ouverte, il n'est pas uniquement question de la nécessaire adaptation de l'objectif européen de 20 à 30%. Les ONG ont rappelé la promesse de financement faite par la Belgique aux pays en voie de développement qui – rappelons-le – sont les premières victimes du réchauffement planétaire et doivent, à ce titre, être aidés par les pays industrialisés qui ont eux une responsabilité historique dans le dérèglement.

C'est à Copenhague que la Belgique s'est engagée à débourser 150 millions d'euros entre 2010 et 2012, à titre de Fast start, de financement à court terme. 60 millions ont été versés par l'État fédéral, 2 autres par la Wallonie et puis : rien ! Si le gouvernement  fédéral est en affaire courante, le climat, lui ne l'est pas...

Message d'espoir qui clôturait le Sommet de Cancun, il y a bientôt un an...

Des recettes éprouvées

Par ailleurs, les nations réunies à Durban fin novembre devront se pencher sur la prolongation du Protocole de Kyoto. Cet accord international court jusqu'en 2012 et devrait être renouvelé. Seulement, l'Union européenne fixe des conditions qui rendent la reconduction du Protocole difficile. Et bien sûr, la Belgique joue les suiveuses et reste peureusement en-dehors du débat. Kyoto est un outil imparfait mais indispensable pour nous éviter l'indigestion climatique.

Kyoto n'est pas la seule recette qui semble avoir un tant soit peu marché. REDD, un acronyme qui cache la volonté de répondre au défi climatique en sauvegardant les forêts a été obtenu à Cancun et doit être concrétisé à Durban. Jusqu'ici, la Belgique a soutenu ce mécanisme prometteur pour le climat et la biodiversité mais doit à présent transformer l'essai.

Le menu de Durban est copieux et la Belgique – à travers l'orientation qu'elle donne à l'Union européenne – est un des chefs qui pourra faire de la conférence un festin... ou un repas indigeste. Reste à croiser les doigts pour que la Flandre fasse preuve de clairvoyance et accepte les 30%... Et  que toutes les entités fédérées mettent la main à la poche et défendent vraiment le Protocole de Kyoto et les forêts...

Sinon on pourra garder ses grilles de BQ au jardin... Mais là, franchement, je ne suis pas preneur car franchement, une augmentation de la température planétaire d'au moins 3°C (ce à quoi on doit s'attendre avec les promesses actuellement sur la table), ça risque de nous faire oublier le goût du stoemp !

Greenpeace sera bien évidemment attentive à la position défendue ce 10 octobre par la Belgique au Conseil des ministres de l'Environnement et ne lâchera en aucun cas le morceau à Durban !

Pour un accord ambitieux à Durban !