Lors de discussions sur les actions en faveur du climat, l’argument suivant revient souvent : «Tant que les Chinois ne prennent pas de mesures, nous ne pouvons pas faire grand-chose ici». Une mauvaise excuse, si vous me demandez mon avis, qui n’est plus de mise dorénavant.

Oui, au cours de la dernière décennie, la Chine a été le plus grand émetteur de CO2. Et un peu plus de la moitié de l’accroissement des émissions de CO2 dans le monde au cours des dix dernières années est imputable à la consommation de charbon dans ce pays. Mais 2014 a été marqué par un revirement historique. Pour la première fois, la production de charbon a diminué de 2,1 % par rapport à l’année précédente.

La croissance économique

Ce revirement rapide constitue une surprise. Les observateurs avaient pronostiqué que la consommation de charbon chinoise continuerait à augmenter pendant des années. L’accord sur le climat entre les Etats-Unis et la Chine de l’année dernière reposait ainsi sur l’hypothèse que la consommation de charbon en Chine croîtrait encore au moins pendant une décennie.

Il est important de souligner que cette baisse de l’année dernière va de pair avec la poursuite de la croissance de l’économie chinoise de 7,4 %. Cela démontre qu’il est possible de découpler la consommation énergétique (et les émissions de CO2 afférentes) du développement économique. En outre, les autorités chinoises ont fortement investi au cours des dernières années dans le développement d’énergies renouvelables. Le pays est devenu entre-temps le plus gros investisseur mondial en technologies vertes. 

Les émissions stagnent

Le revirement de la Chine contribue à une nouvelle encore plus historique : pour la première fois en 40 ans, les émissions de CO2 du monde entier n’ont pas augmenté l’année dernière, sans qu’une crise économique ne soit nécessaire à cet effet. Il s’agit d’un instantané fragile et il est vraisemblable que les émissions vont à nouveau croître. Mais c’est une nouvelle pleine d’espoir en cette année où se tient l’importante conférence sur le climat de Paris car elle montre que le revirement dans le sens d’une société bénéfique pour le climat est en marche. 

Chez Greenpeace, nous attendons des autorités chinoises qu’elles amplifient aujourd’hui leurs ambitions. Le pays ne peut plus se présenter comme un ‘underdog’ et se cacher derrière un vaste groupe de pays développés dans le cadre de négociations internationales. Permettre à la Chine de faire culminer ses émissions seulement en 2030 ne constitue nullement une option acceptable. C’est beaucoup trop tard à la lumière des problèmes climatiques que nous connaissons et n’est plus en ligne avec les tendances sur le terrain au cours des deux dernières années.

Accord sur le climat

Avec un vent renouvelable dans ses voiles, la Chine doit maintenant mettre en place des objectifs de réduction concrets et ambitieux. Et qui sait quel accord sur le climat sortira de la boîte en décembre à Paris…