Greenpeace exige de l’AFCN qu’elle prenne ses distances par rapport à GDF Suez Electrabel. Doel 1 et 2 présentent des manquements importants et doivent de ce fait fermer. La protection de la population doit primer et non les gains d’Electrabel.

Une tâche de la plus haute importance attend Jan Bens, directeur de l’AFCN, Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire, et ex-patron de la centrale nucléaire de Doel. Il doit déterminer les conditions auxquelles doit satisfaire Electrabel pour prolonger de 10 ans la durée de vie de Doel 1 et 2 (et engranger ainsi de plantureux bénéfices). 

Greenpeace attend d’un organisme de contrôle « indépendant » qu’il protège la population et non les intérêts économiques d’Electrabel. La relation entre l’AFCN et Electrabel est visiblement solide… mais ne dit-on pas que le véritable amour est un amour impliquant aussi le lâcher prise ?

Nous avons transmis à l’AFCN une carte de Saint-Valentin avec le message suivant :

Remontons dans le temps…

… Jusqu’au 15 février 1975, jour où furent démarrés Doel 1 et 2. Ils furent alors conçus pour durer 30 ans, jusqu’en 2005 donc. Mais la loi de sortie du nucléaire de 2003 prolongea cette durée de vie de 10 ans. Aujourd’hui, après 40 ans de service, ils devraient donc fermer leurs portes, selon la loi de sortie du nucléaire. Mais le gouvernement veut maintenant prolonger leur activité de 10 nouvelles années, jusqu’en 2025. Doel 1 et 2 auront alors tous les deux 50 ans. Cela comporte de réels risques en matière de sécurité. Sans oublier qu’au niveau mondial, on a très peu d’expérience avec des réacteurs nucléaires ayant dépassé les 40 ans.

Bien sûr, pour permettre cette prolongation, il faut modifier la loi de sortie du nucléaire. L’AFCN doit ensuite juger si les mesures de « rafistolage » proposées par Electrabel sont suffisantes pour permettre cette prolongation. Et pendant ce temps, Electrabel s’active déjà pour préparer la réouverture des deux réacteurs…

AFCN = chien de garde nucléaire ?

En ayant à déterminer le niveau de sécurité auquel doivent satisfaire les vieux réacteurs, l’AFCN porte une lourde responsabilité. Par le passé, l’Agence a déjà à plusieurs reprises fait preuve de laxisme lorsqu’il s’agissait d’imposer des critères de sécurité. Ainsi, elle aurait déjà dû imposer de nouvelles exigences en matière de sécurité en 2005, lorsqu’il a été décidé de prolonger l’exploitation de Doel 1 et 2 qui avaient alors atteint l’âge de 30 ans. Cela ne s’est pas fait.

Puis, en 2008, l’AFCN a soutenu la stratégie d’Electrabel visant à préparer la prolongation de la durée de vie des trois plus vieux réacteurs. Ce faisant, l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire a, en tant que « chien de garde » officiel, outrepassé ses compétences et agi à l’encontre de la loi de sortie du nucléaire. L’AFCN a par ailleurs ouvert la voie à une prolongation de 10 ans de la durée de vie en affirmant qu’une exploitation prolongée de trois ans à peine est insuffisante pour amortir les investissements nécessaires en matière de sécurité. Or, l’Agence doit veiller à la sécurité, pas à garantir d’importantes retombées financières à Electrabel.



Vieilles machines

Il est pour ainsi dire impossible sur le plan technique de combler les manquements graves constatés à Doel 1 et 2 et pour cette raison, l’AFCN devrait fermer définitivement les réacteurs. La condition minimale à satisfaire avant de prolonger leur durée de vie serait par exemple de les équiper de ventilation filtrée et de remplacer le couvercle de la cuve des deux réacteurs.

Ce n’est pas tout. Pour que Doel 1 et 2 s’approchent du niveau de sécurité d’un réacteur moderne, ils doivent être équipés d’une enceinte de confinement à paroi double. Enfin, les bassins de stockage pour le combustible usé doivent être transférés vers un bunker. La première mesure est quasi impossible, la seconde est très coûteuse. Il est impossible qu’un nouveau réacteur nucléaire du même type que Doel 1 et 2 reçoive aujourd’hui une autorisation d’exploitation.

Il est absurde d’autoriser les réacteurs défectueux à continuer à tourner pendant des années et ce, sans exécuter les mesures de sécurité qui s’imposent. Ainsi, l’AFCN accepte que l’installation de systèmes de ventilation sur les réacteurs belges ne se fasse qu’en 2017-2019. Soit 5 à 7 ans après que la nécessité de cette mesure n’ait été constatée en 2012, lors des recherches en matière de stress tests.

Conclusion ?

L’AFCN ne peut autoriser une prolongation de la durée de vie de Doel 1 et 2, à moins que toutes les mesures de sécurité fondamentales ne soient appliquées et opérationnelles. Le moins que nous puissions attendre, c’est que le niveau de sécurité des vieux réacteurs soit porté au niveau de ce qu’on exige aujourd’hui pour les nouveaux réacteurs. Electrabel estime-t-elle que certaines de ces mesures sont trop coûteuses ? Certaines d’entre elles sont-elles impossibles à mettre en œuvre ? Alors les choses sont claires : Doel 1 et 2 doivent fermer. Définitivement.

>> Vous souhaitez en savoir davantage sur l’aspect technique de la prolongation de Doel 1 et Doel 2 ? Lisez notre briefing. <<

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