L'AFCN, l’agence fédérale de contrôle nucléaire, n'est indépendante ni économiquement, ni politiquement, ni structurellement. Pour dénoncer cela, des activistes ont été tendre une bannière au-dessus du siège de l'agence. Le directeur de l'agence passe aujourd'hui en Commission au Parlement.

Quelques chiffres et faits en disent long

  • Près de 80% du budget de l’AFCN vient directement d’Electrabel
  • Le directeur de l’AFCN a travaillé 10 ans chez Electrabel
  • Si l’agence avait fait fermer les réacteurs fissurés et n’avait pas renouvelé le permis d’utilisation des deux plus vieux, elle aurait perdu l’an dernier plus de 8 millions d’euros, sur un chiffre d’affaire de 26,1 millions d'euros !
  • Ce manque d’indépendance entre gendarme nucléaire, exploitant et politique est exactement ce qui a causé la catastrophe de Fukushima, souligne les conclusions du rapport officiel sur le sujet.

Centrales nucléaires sponsorisées par Electrabel

“Les centrales nucléaires sont sponsorisées par Electrabel”, pourrait dire une pub. “Et ceux qui en contrôlent la sécurité… aussi !”, pourrait-on répondre. Pour dénoncer cela, six activistes ont été tendre ce matin une grande bannière : “L’AFCN, sponsorisée à 80% par Engie/Electrabel” sur le bâtiment de l’Agence.

L'AFCN est loin d'être un gendarme indépendant

En effet, l’agence fédérale de contrôle nucléaire, censée être un gendarme indépendant, est en fait payée à plus de 75% directement par Engie/Electrabel pour le seul contrôle des centrales nucléaires!

En analysant les finances de l’AFCN, Greenpeace révèle aujourd’hui que sur les 26,1 millions d’euros de son chiffre d’affaire total de 2015, pas moins de 19,6 millions d’euros ont été directement versés par la compagnie française. Cette dépendance financière pose de graves questions sur les décisions de l’année dernière de relancer les réacteurs fissurés de Doel 3 et Tihange 2 et de prolonger de 10 ans l’exploitation des deux plus vieilles centrales.

Fermer les centrales, c'est perdre beaucoup d'argent !

Car si ces centrales avaient fermé, l’AFCN aurait perdu de l’argent. Beaucoup d’argent : 8,24 millions d’euros précisément, soit près d’un tiers de son chiffre d’affaires 2015.

Les risques de conflits d’intérêts sont importants pour un organisme censé être indépendant et dont le rôle est de mettre la sécurité des citoyens avant tout. D’autant qu’un récent audit interne de communication indique que les liens entre l’AFCN et le gouvernement sont “trop proches”. Quant à son actuel directeur, Jan Bens, il a travaillé plus de 10 ans chez Electrabel.

L’AFCN n’est indépendante ni structurellement, ni politiquement, ni économiquement. C’est en fait comme une filiale d’Electrabel. C’est dangereux. Comme si, en football, l’arbitre d’un match était payé par l’une des équipes. Le danger de conflits d’intérêts serait très important.

Cette inquiétude n’est pas anodine. Dans le rapport officiel de la commission de recherche du Parlement japonais, c’est cette collusion entre gendarme nucléaire, exploitants et politiques qui est pointée comme la première raison de la catastrophe de Fukushima. “Le gouvernement, les régulateurs et les exploitants ont trahi la nation et son droit à être préservé d’accident nucléaire”, souligne le rapport, qui continue : “Dès lors, nous concluons que l’accident a clairement été provoqué par l’homme.”

Séparation entre exploitants, politiques et gendarme nucléaire

Avant d’en arriver aux mêmes conclusions chez nous, Greenpeace demande que soit imposée une séparation plus nette entre exploitants, politiques et gendarme nucléaire, et de commencer par fermer les centrales les plus vulnérables, qu’elles soient fissurées ou aussi vieilles que Doel 1 & 2. A moins que l’on ne souhaite que le prochain incident nucléaire ne soit sponsorisé par Engie/Electrabel, lui aussi ?