La catastrophe nucléaire de Fukushima a fait trembler le monde entier il y a un an et demi. Aujourd’hui encore, des dizaines de milliers de Japonais ne peuvent toujours pas rentrer chez eux. De vastes zones autour de la centrale nucléaire sont interdites d’accès et le resteront pour de nombreuses décennies encore.

L’état des réacteurs touchés, gravement endommagés par des explosions d’hydrogène et la fusion des noyaux des réacteurs, reste instable. Afin de sauver l’exploitant TEPCO de la faillite, les autorités ont entre-temps nationalisé l’entreprise. Elles mentionnent en outre toujours de multiples fuites d’eau hautement radioactive ainsi que d’autres problèmes sur le site de la centrale. Les niveaux de radiations dans les ruines des réacteurs atteints sont tels que les experts et les nettoyeurs ne peuvent toujours pas y accéder, pas même pour une inspection. Et le flou persiste sur l’état du combustible nucléaire fondu.

Quelques bonnes nouvelles maintenant

Le 7 septembre, le gouvernement japonais annonçait la fin des mesures d’économie d’énergie mises en œuvre afin d’éviter que le pic de consommation dû à l’utilisation massive de climatiseurs pendant les chauds mois d’été n’entraîne des pannes de courant. L’été est aujourd’hui terminé, sans black-out et sans pannes d’électricité, malgré la fermeture de pratiquement l’ensemble de la capacité de production nucléaire du pays.

Juste avant l’été, le premier ministre Yoshihiko Noda et certains grands industriels prédisaient encore des conséquences désastreuses si les centrales nucléaires ne redémarraient pas. « La société japonaise cessera de fonctionner si les centrales nucléaires mises à l’arrêt sont définitivement fermées », annonçait le premier ministre lors d’une conférence de presse le 8 juin. Le Japon tournait alors pratiquement depuis deux mois sans la moindre énergie nucléaire quand le gouvernement, se basant sur de prétendues pénuries en approvisionnement, a décidé de relancer deux réacteurs de la centrale nucléaire d’Ohi, représentant environ 1% de la capacité nucléaire totale d’avant la catastrophe de Fukushima.

Il apparaît clairement que le gouvernement japonais a sous-estimé le potentiel d’économie d’énergie et la disposition de la population pour éviter tout gaspillage énergétique. En à peine une année, plus de 50 réacteurs nucléaires ont été mis hors service. L’approvisionnement en électricité a été assuré même pendant les mois de consommation intensive et la société a continué à fonctionner. Une amélioration soutenue de l’efficacité énergétique et une extension dynamique des sources d’énergie renouvelables peuvent compenser la fermeture définitive des centrales nucléaires, donner un nouveau souffle à l’économie japonaise et remettre les réductions des gaz à effet de serre sur la voie des objectifs climatiques.

Le gouvernement belge peut en tirer des leçons importantes. Contrairement au Japon, nous avons pour l’instant encore le luxe de fermer nos vieux réacteurs nucléaires désuets, présentant des fissures dans les cuves et une dégradation du béton des coupoles, avant de devoir assister à un accident nucléaire. Des mesures concrètes visant à amplifier l’efficacité énergétique et à prévenir le gaspillage ont nettement contribué à compenser la fermeture forcée de pratiquement l’ensemble du parc nucléaire japonais.

L’intensité énergétique en Belgique se situe traditionnellement à un niveau supérieur à celui du Japon, tant par habitant que par rapport au produit national. Notre potentiel d’économie d’énergie est par conséquent aussi plus grand. Pourtant, la quasi-totalité des scénarios sur la sécurité de l’approvisionnement avancés par le gouvernement ne font pour ainsi dire aucune référence à ce formidable potentiel d’économie d’énergie, que les centrales nucléaires subsistent ou non.