2016 n’a pas été une bonne année pour les centrales nucléaires belges. La fiabilité de nos réacteurs vieillissants a une nouvelle fois pris du plomb dans l’aile. Aux Pays-Bas et en Allemagne, les plus hautes sphères politiques ont manifesté leur réprobation. Enfin, la sécurité des sites nucléaires est remise en cause. Malgré tout, le gouvernement préfère se fier à l’héritage du passé, au lieu de bâtir un avenir axé sur les énergies renouvelables. Où est la logique ?

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Tous les réacteurs sont rarement opérationnels en même temps

Cette année, les centrales nucléaires ont définitivement prouvé qu’elles ne constituent pas une source d’énergie fiable. L’année 2016 a connu la bagatelle de 283 jours d’inactivité d’au moins un réacteur, et souvent de trois, voire de quatre à la fois. Bref, on dirait des centrales nucléaires qui clignotent comme des lumières de Noël…

Les incidents se prolongent souvent très longtemps, comme le prouve le chaos de Tihange 1. L’an dernier, l’exploitation de ce réacteur a été prolongée de 10 ans, ce qui a engendré sa mise à l’arrêt pour quatre mois pour entretien. Alors que  ce réacteur venait de redémarrer, 23 camions de béton ont été coulés sur le site au lieu des 5 nécessaires... Au total, Tihange 1 a fonctionné seulement 33 % du temps cette année, alors que le réacteur, comme Doel 1 et Doel 2, est censé être maintenu en vie pour « assurer la sécurité d’approvisionnement ».

L’Allemagne et les Pays-Bas en ont ras le bol de Doel et de Tihange

Il n’est donc pas étonnant que nos voisins allemands et néerlandais soient de plus en plus préoccupés par l’état des réacteurs belges. Tour à tour, les citoyens, les villes, les ministres et même les joueurs de football en appellent à la fermeture de Doel et Tihange. Et ils passent à l’action : 90 administrations se sont récemment adressées à la justice, et des fournisseurs d’énergie renouvelable ont déposé une plainte contre la prolongation de Doel 1 et Doel 2.

Pendant ce temps, le gouvernement belge fait la sourde oreille et répète le mantra d’Electrabel : « Il n’y a aucune raison de s’inquiéter. » À partir de 2017, les nouveaux plans d’urgence nucléaires seront enfin discutés, mais il n’est pas sûr du tout qu’ils suffiront à apaiser les inquiétudes. Dans la région d'Aix-la-Chapelle, le gouvernement du Land a déjà pris l’initiative de stocker 12 millions de pilules d’iode supplémentaires...

Le prochain incident de sécurité sera-t-il la goutte qui fera déborder le vase pour l’AFCN ?

Pensez-vous qu’Electrabel accorde désormais une attention supplémentaire à la sécurité ? Pas vraiment. Les règles de sécurité dans les centrales électriques ne sont pas respectées, des documents confidentiels et secrets sont traités à la légère, et un rapport accablant sur la sécurité en cas d’incendie n’a pas été pris au sérieux. Depuis un an déjà, Electrabel ne gère plus les déchets nucléaires qui s’accumulent ainsi sur les sites.

Mais il y a malgré tout de bonnes nouvelles. Suite à un audit interne qui a remis en question l’indépendance de l’AFCN, le chien de garde de la sécurité nucléaire semble enfin réveillé. Son Directeur général Jan Bens, ancien Directeur de la centrale de Doel, a fustigé les CEO pour leur « incapacité à améliorer la sécurité ». L’AFCN gardera-t-elle le cap en 2017 et Electrabel devra-t-elle fermer des réacteurs ? Nous sommes impatients de voir ça !

Et d’ailleurs, avez-vous déjà pris des bonnes résolutions pour 2017 ? Et pourquoi ne pas passer à un fournisseur d’électricité verte ?