En décembre, des millions de fans de Star Wars ont connu une joie immense. Dix ans après la sortie du dernier film, un nouvel épisode est enfin arrivé dans les salles de cinéma. La série est née en 1977, mais près de 40 ans plus tard, elle n’a en rien perdu de sa popularité.

Deux semaines plus tôt, Electrabel pouvait également se réjouir : ses centrales nucléaires de Doel et Tihange sont encore plus vieilles que le premier épisode de Star Wars mais, à la fin 2015, le gouvernement et l’AFCN ont donné le feu vert à une prolongation de leur activité pour 10 ans.

Cependant, alors que la première prolongation ne peut que faire le bonheur des cinéphiles, la seconde pose de sérieuses questions. 2016 vient à peine de commencer, et notre pays fait déjà face à plusieurs problèmes graves.

Problème 1 : les réacteurs ne sont pas très en forme

Le réacteur de Doel 1 a été connecté au réseau le 30 décembre, après 10 mois d’inactivité. À peine 48 heures plus tard, le plus ancien réacteur du pays cessait déjà son activité en raison d’un problème de générateur, alors que Tihange 1 connaissait une grosse semaine d’inactivité juste avant la nouvelle année, à cause d’un énième incendie. Et les réacteurs fissurés qui venaient de redémarrer étaient eux aussi en proie à des incidents. Doel 3 est à l’arrêt depuis la veille de Noël, suite à la découverte d’une fuite d’eau dans les conduites qui alimentent la turbine à vapeur.

L’argument de la sécurité d’approvisionnement en prend un sacré coup. La ministre fédérale de l’Énergie, Mme Marghem, faisait de cet argument la principale raison de la prolongation du maintien en activité de Doel 1 et 2, mais on peut voir que les réacteurs ne jouent pas le jeu. En outre, à la fin 2015, le gestionnaire du réseau, Elia, nous a déjà montré que, pour nous éclairer, nous n’avions besoin ni des plus anciens réacteurs ni des réacteurs fissurés.

Problème 2 : l’Allemagne et les Pays-Bas sont de plus en plus préoccupés

De surcroît, en raison de ces problèmes persistants, les Pays-Bas et l’Allemagne s’intéressent de plus en plus à nos centrales nucléaires. Des bourgmestres de Roosendaal et Bergen-op-Zoom, juste de l’autre côté de la frontière néerlandaise près de Doel, à la région allemande de Rhénanie-du-Nord–Westphalie préoccupée par Tihange, tous nos voisins expriment leur inquiétude et affirment vouloir la participation de leur population. À juste titre, puisque les conventions d’Aarhus et d’Espoo leur garantissent ce droit, que notre gouvernement ne respecte toutefois pas. C’est pourquoi Greenpeace a également introduit une action en justice pour faire respecter ce droit à la consultation publique.

Communes et gouvernements qui ont déjà exprimé leur inquiétude :

Problème 3 : les centrales au gaz ont aussi besoin de subventions, maintenant

Avec la réouverture des quatre réacteurs d’un seul coup, ce sont 2.866 MW d’énergie nucléaire (subventionnée) qui regagnent le réseau électrique. Non seulement il s’agit d’un mauvais coup pour les producteurs d’énergie renouvelable et les investisseurs de ce secteur, mais de ce fait, les centrales au gaz perdent elles aussi de leur compétitivité. La ministre Marghem prépare donc un régime de subventions destiné à ces centrales.

Pratique pour Electrabel et EDF, qui exploitent un grand nombre de ces centrales et qui passent donc à la caisse une deuxième fois, après les accords extrêmement avantageux (et peut-être illégaux) relatifs à la prolongation de Doel 1 et 2 et de Tihange 1. Moins intéressant pour le consommateur, par contre, puisqu’il supportera une nouvelle fois le coût de la politique énergétique défaillante de la Belgique.