Bonne nouvelle ! En 2015, pour la deuxième année consécutive, les émissions mondiales de CO2 n’ont pratiquement pas augmenté. Mieux encore, le fait que l’économie mondiale a connu une croissance supérieure à 3% l’an dernier ne fait plus obstacle à la diminution définitive des émissions de CO2. L’énergie renouvelable peut-elle dès lors sauver le climat ?
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) mesure depuis 40 ans les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie. Ces émissions ont plus que doublé depuis 1975, mais l’année dernière, pour la première fois, elles n’ont pratiquement pas augmenté. Les résultats de 2015 publiés cette semaine le confirment : les émissions de CO2 provenant de l’énergie n’augmentent plus depuis deux ans.
L’énergie renouvelable fait une percée déterminante
Cette réussite est principalement due à l’énergie renouvelable : 90% de toutes les nouvelles sources d’énergie sont renouvelables. On assiste, surtout en Chine, à une conversion massive des combustibles fossiles vers l’énergie renouvelable. L’utilisation du charbon y a baissé de plus de 10% ces dernières années. Et cette conversion porte ses fruits. Les émissions de la Chine sont en baisse pour la deuxième année consécutive, et ont peut-être déjà passé leur pic.
La Chine est donc sur la bonne voie pour surpasser les objectifs climatiques définis à Paris et souhaite les renforcer. C'est une grande différence avec l’Union européenne, où plusieurs pays refusent d’aligner les objectifs européens pour 2030 avec les accords plus contraignants pris à Paris, alors que l’Europe devrait passer à la vitesse supérieure : nous sommes la seule région où les investissements dans les énergies renouvelables ont diminué ces dernières années.
L’économie est en croissance, mais pas les émissions de CO2
Les émissions mondiales de CO2 plafonnent peut-être, mais elles ne baissent pas encore. Elles ont pourtant baissé en 1980-82, en 1992 et en 2009. Pourquoi parler de bonne nouvelle, alors ? Parce que les émissions n’ont, pour la première fois, presque pas augmenté pendant que l’économie mondiale était en pleine croissance. Au début des années 1980, c’était la deuxième crise pétrolière. En 1992, nous vivions les suites de l’effondrement de l’Union soviétique et en 2009, nous étions en pleine crise financière.
Ces dernières années, au contraire, l’économie mondiale a progressé de 3,4 % en 2014 et de 3,1 % en 2015. Ainsi, le découplage entre croissance économique et émissions de CO2 est enfin devenu réalité. C’est une étape importante dans la limitation du réchauffement planétaire à moins de 2 °C, et de préférence à moins de 1,5 °C.
Pas de temps à perdre
Ces bonnes nouvelles ne viennent pas trop tôt. 2015 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée. La température du mois de février 2016 a dépassé de 1,35 °C la moyenne historique, battant tous les records. Enfin, début mars, nous avons franchi pour la première fois le seuil de 2 °C de réchauffement, c’est-à-dire la limite au-delà de laquelle les scientifiques préviennent que le réchauffement climatique devient « imprévisible ».
Le 22 avril prochain, l’accord de Paris sur le climat sera signé à New York. Il n’y a pas de temps à perdre. Les émissions de CO2 sont sur le point de baisser, mais il appartient désormais aux politiciens de faire ce qu’ils ont promis à Paris : accélérer cette baisse et soutenir la percée des énergies renouvelables.