Les temps sont durs pour Shell. Depuis que le géant pétrolier a reçu un premier feu vert de l’administration américaine pour reprendre les forages pétroliers au large de l’Alaska, les vagues de protestation ne cessent d’affluer. A travers le monde mais aussi au port de Seattle, où est amarrée une plateforme pétrolière de Shell supposée "faire le boulot" en Arctique.

Ce samedi, des centaines de manifestants - dont des représentants de Greenpeace - ont embarqué à bord de kayaks, canoés, bateaux à voile et même à bord d’une barque propulsée à l’énergie solaire. Ils ont ensuite entouré la plateforme "Polar Pioneer" avec des bannières sur lesquelles on pouvait lire des slogans tels que "Shell No". Leur but : dénoncer les dangereux projets pétroliers de Shell et réclamer une plus grande justice climatique.

Une décision incompréhensible

"Les gens viennent vivre ici car la ville est très verte. Et avoir cette monstruosité, ce monument à la démesure de l’industrie pétrolière, parqué sur notre littoral huit mois par an, va totalement à l’encontre de toutes les valeurs que nous travaillons à défendre ici à Seattle", déclarait notamment un conseiller municipal aux médias internationaux.

Cette première décision de l’administration américaine est tout simplement incompréhensible. Car si Shell devait trouver et extraire du pétrole en Mer des Tchouktches, l’administration considère elle-même dans un rapport que le risque d'un ou de plusieurs accidents graves serait de 75 % durant la période d'extraction prévue de 51 ans !

Shell n’est pas à son coup d’essai et a prouvé son incapacité à mener de telles opérations. Le géant pétrolier, qui a déjà investi 6 milliards de dollars américains dans son programme Arctique, a en effet commencé ses activités exploratoires dans la région en 2012. Sans succès. Dix forages étaient alors prévus sur une durée de deux ans.



Pas les bienvenus

Mais Shell n'avait pas pu réaliser ses projets. De mauvaises conditions météorologiques, des autorisations manquantes et une gestion catastrophique des événements avaient alors montré au géant pétrolier à quel point forer en Arctique est périlleux et risqué. Une région aussi fragile et cruciale pour l’équilibre climatique de notre planète devrait être préservée. Mais Shell ne l’entend toujours pas de cette oreille. Et ne semble pas prêter attention à l’opposition civile grandissante qui se manifeste à Seattle et dans le monde.

Ed Murray, maire de Seattle, l’a pourtant déclaré il y a quelques semaines : les immenses plateformes de Shell n’auront pas l’autorisation de se ravitailler à Seattle. Le conseil municipal a même voté à l’unanimité une résolution pour demander au port de la ville de reconsidérer son bail avec Shell.

Un port, qui à travers son conseil d’administration, a ordonné à Shell de retarder l’arrivée de ses plates-formes et exigé un examen juridique des plans de forage. Tout en demandant à la Ville de reconsidérer sa position. En attendant, une seconde plateforme du géant pétrolier devrait rallier Seattle dans les prochains jours…