La crise financière se fait ressentir à Doha où se déroule depuis une semaine les négociations climatiques. Malgré leurs promesses d'aider les pays du Sud à lutter contre l’impact des changements climatiques en cours, les pays riches sont arrivés les mains vides. Réponse possible des pays pauvres aux pays industrialisés : pas de soutien pour un nouveau Kyoto…

100 milliards de dollars. C'est la somme qui a été promise il y a deux ans aux pays en développement pour lutter contre le réchauffement climatique et ses conséquences, déjà perceptibles... Sceptiques ? L’an dernier, 13 millions de Thaïlandais ont été durement frappés par une mousson exceptionnelle… 700 personnes y ont laissé la vie. Le Pakistan a connu des inondations proches de celles de 2010, les plus terribles de son histoire.

La liste des pays du Sud frappés de plein fouet par les dérèglements climatiques est longue. Ce sont presque toujours les pays du Sud qui trinquent. L’exception notoire des Etats-Unis, récemment durement frappés par la terrible tempête Sandy.

Et le vainqueur est…

Face à ces événements, la responsabilité des pays riches pour une part des dommages ne fait aucun doute. A Doha, le GIEC (le groupe d’experts internationaux qui planchent sur le climat) est venu rappeler les conclusions de son étude « SREX » établissant indiscutablement un lien entre la fréquence et la force de ces événements climatiques extrêmes et les changements climatiques provoqués par notre addiction au carbone.

Et devinez qui est responsable de plus d’un cinquième des émissions cumulées de gaz à effet de serre depuis 1850 et le début de la révolution industrielle ? L’Europe, bien sûr  !

Et la facture est pour…

Notre responsabilité historique est donc bel et bien établie. Et malgré cela, nous avons du mal à mettre la main au portefeuille quand il s’agit de payer les pots cassés. Entre 2010 et 2012, l’Union européenne avait promis de débloquer 10 milliards pour les pays du Sud. Il s’agissait d’une enveloppe destinée à ce que l’on appelle poliment "l’adaptation aux changements climatiques". 2012 touche à sa fin et il apparaît clairement qu'une partie minime de cette somme a été payée. Oxfam estime que seul 17% de cette somme ont réellement été versés !

A Doha, les pays les plus pauvres attendaient donc que la barre soit redressée et la bourse déliée... Ils sont restés sur leur faim. La crise budgétaire et économique que traverse l'Europe semble l’avoir littéralement « libérée de ses responsabilités». C'est sans un sous en poche ni aucune promesse de financement pour les années à venir que l'Europe s'est pointée à la conférence de Doha. Et ce n'est pas mieux du côté des autres pays riches : USA, Australie, Canada, Japon... Pas un dollar.

Le climat de confiance se dégrade

Cette promesse fondamentale non tenue jette un froid sur une négociation qui souffre déjà d'un manque de confiance flagrant entre le Sud et le Nord. D’autant plus que les pays riches avaient en tête de reléguer les questions liées à la finance au second plan en mettant fin à la partie des discussions climatiques où sont traités ces questions depuis 2007 (qu'on appelle ici les discussions LCA...). Mauvais timing ! Difficile pour les pays en développement d'avaler cette couleuvre.

Pour défendre leur dû, ils disposent de bien peu de moyens. Il ne serait pas impossible qu’ils bloquent toute décision à Doha y compris celles liées au protocole de Kyoto.

Débarquement ministériel

La seconde semaine de négociations est marquée par l’arrivée des ministres à la conférence. Ils devront impérativement montrer leur réelle volonté d'agir. Évidemment, comme je le rappelle régulièrement dans ce blog, cela passe d'abord par des objectifs ambitieux en lien avec ce les recommandations des scientifiques. De vagues promesses ne suffisent pas.

Sur ce plan, on en est loin ! Mais, payer les pots cassés dans le Sud est aussi impératif. C'est même une condition absolument nécessaire si on veut enfin voir ces négociations avancer vers un traité climatique.