Bruxelles, me revoilà ! Après un très long voyage de presque 40 heures, je retrouve mon quotidien et la grisaille de notre plat pays. Les nuits courtes et parfois très fraîches d’Usinsk avaient leur charme mais je ne me plaindrai pas d’avoir retrouvé un certain confort. On s’y réhabitue vite ! J’avoue que j’aurais adoré rester davantage dans ce pays...
Après deux semaines de nettoyage, nous avons tous constaté que nos réflexes et habitudes étaient enfin installés. Ma frustration de ne pas être arrivée à bout du nettoyage de cette fuite est toujours présente même si j’en avais conscience depuis un certain temps.
Constat et réflexions
Une chose est claire : il est très difficile de nettoyer du pétrole et le contexte du pays rend ce travail encore plus complexe. Les infrastructures et la formation des personnes sensées accomplir cette tâche laissent largement à désirer. Un jour, l’un des véhicules récupérant le pétrole est tombé en panne. Puis, un autre jour, l’un des ouvriers a laissé échapper une grosse quantité de pétrole que nous venions de récupérer. Toute une série d’erreurs qui font peur et montrent qu’il y a vraiment beaucoup de travail à faire sur place pour éviter une catastrophe encore pire que celle qui se déroule en ce moment dans cette région.
Après un gros moment de découragement, une image forte et belle m’est tout de même restée suite à une longue et pénible journée de travail. Celle de volontaires motivés. La combinaison salie, tous étaient heureux d’avoir tenté de faire quelque chose. Tout n’est pas fini, c’est peut-être juste un début mais au moins, on a essayé ! Plus le temps passait, plus les liens entre nous se sont serrés. Au fil des jours, chacun a trouvé sa technique pour récupérer un maximum de pétrole et tout cela en gardant un enthousiasme qui m’a souvent surpris. Cette belle image des volontaires restera l’un des souvenirs les plus forts que je garderai de ce camp.
Une table ronde positive
Notre objectif d’ouvrir le dialogue avec les autorités a été atteint. La table ronde de la semaine passée a permis de réunir plusieurs personnages politiques de la région ainsi que les responsables de la principale entreprise pétrolière du coin. Nos recherches de fuites aux alentours en ont surpris plus d’un. Et une visite du camp de Greenpeace a même été organisée. C’était d’ailleurs plutôt étrange de voir ces personnes bien habillées arriver en même temps que nous alors que nous venions de passer une journée à suer sur la zone de nettoyage.
Une proposition de loi a été discutée en ce qui concerne la république des Komis, nous attendons à présent que cette dernière soit réellement concrétisée. Car en ce qui concerne la zone que nous avons tenté de nettoyer, par exemple, il semble que l’entreprise pétrolière responsable ne veuille pas réellement s’en charger. Elle a juste proposé de la couvrir de sable… Assez désespérant !
Pas facile de se quitter
Les adieux n’étaient pas faciles, nous avons partagé et créé des liens forts entre les volontaires et le staff. En arrivant à Moscou, chacun est parti de son côté pour retrouver sa vie de tous les jours. En ce qui me concerne, je suis ravie d’avoir appris tant de choses et d’une certaine manière, contente d’avoir vu sur le terrain les choses pour lesquels nous nous battons parfois de loin. Même si, au premier abord, on pourrait croire que ce travail n’a servi à rien, je pense qu’il faut retenir une série de choses importantes. En arrivant, nous n’étions pas du tout les bienvenus, nous étions surveillés en permanence et toute forme de dialogue était impossible.
Nous avons pourtant pu, au final, montrer le problème aux responsables du gouvernement local, discuter de la mise en place d’une loi et placer à cette même table une organisation locale active depuis de très longues années sur la problématique des fuites de pétrole. Le fait de ne pas pouvoir nettoyer totalement la fuite qui nous occupait prouve également qu’il est extrêmement délicat de venir à bout de pareilles fuites, aussi petites soient-elles. Il faut des moyens, des gens formés et spécialisés, prêts à se salir et à investir du temps. Nous avons pu mettre en évidence la présence de 200 fuites dans la région en l’espace de deux semaines et récupérer plus de 150m³ de pétrole. De quoi se dire qu’il y a du boulot mais qu’il ne faut pas perdre courage...
C’est donc ici que prend fin mon récit. Merci de l’avoir lu et de continuer à nous suivre !
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