Kitty Snieders était à bord du « Climate Express », ce train parti vendredi dernier de Bruxelles-Midi en direction de Varsovie et de la conférence annuelle sur le climat. Elle nous raconte son expérience de quatre jours.

"Ça y est, les enfants et moi sommes rentrés de notre voyage en train qui nous a menés à Varsovie. Après un accueil chaleureux, une tasse de café et quelques croissants offerts par la SNCB à Bruxelles-Midi, nous avons retrouvé notre foyer lundi matin, fatigués mais satisfaits !

En tout, nous avons passé plus de 40 heures assis dans le train et pourtant, je n'ai pas vu le temps passer aux côtés de ces personnes motivées et désireuses de protester pour le bien de notre climat. Un voyage organisé par de jeunes gens enthousiastes, qui m'inspirent la plus grande admiration et le plus profond respect.


© Pavel Ilich Jofre

Et pourtant, tout ne fut pas simple...


Jusqu'à jeudi matin, le bon déroulement de notre voyage ne tenait qu'à un fil. Et personne parmi nous ne le savait. Les autorités allemandes et polonaises n'avaient alors pas donné leur aval, bien que la demande ait été faite des mois à l'avance... Mais, grâce à la détermination de nos diplomates, nous avons finalement pu quitter Bruxelles-Midi.

Nous n'étions toutefois pas au bout de nos surprises. Aussitôt la frontière polonaise franchie, nous avons vite compris que d'autres embûches allaient parsemer notre route. Notre train a été « submergé » par la police qui a soigneusement vérifié les identités des passagers et l'éventuelle présence de drogue. Au bout de quelques heures, nous avons tout de même pu poursuivre notre voyage, tout en étant escortés par un hélicoptère de la police.

A Varsovie également, la présence policière était imposante et avait de quoi intimider. Mais au final, après avoir aperçu quelques regards noirs nous fixer, cette présence policière m'a plutôt rassurée.


© Pavel Ilich Jofre

Bref, nous y étions ! A Varsovie, là où se déroulent les négociations internationales sur le climat. Un sommet climatique déjà bien engagé... et dont les attentes favorables pour le climat sont malheureusement très faibles. Un comité d'accueil belge très chaleureux nous attendait. Peter Wittoeck (chef de la délégation belge) était très ému et touché par la présence de nombreux jeunes défenseurs du climat. A ses yeux, c'était comme un véritable coup de fouet. Jean-Pascal van Ypersele, professeur de climatologie à l’UCL et vice-président du Giec, était également présent, appareil photo en main, à notre arrivée comme à notre départ.

© Pavel Ilich Jofre


© Naomi Ryckaert

Véritable « marche belge »

Nous étions donc fin prêts à nous mobiliser pour le climat. Une fois dehors, nous avons vite remarqué que la manifestation existait en grande partie grâce à notre présence. Une véritable « marche belge » ! Quelle fierté pour moi ! Il y avait là un mélange d'organisations environnementales, de groupes commerciaux et de manifestants clamant qu'aucune justice climatique ne pouvait se faire sans justice sociale.

En compagnie de mon ami Lucas, je promenais un « canard mobile » avec une inscription en polonais: « Les canards aussi ont soif de bons accords sur le climat ». Ce qui n'a pas manqué de faire rire les policiers (même les plus difficiles !) et d'attirer l'attention d'un média polonais, qui en a profité pour m'interroger.

Mon hôte polonais m'a ensuite appris que les médias polonais ne traitaient jamais les questions environnementales. Jamais ! Notre présence et notre expérience ont donc donné un sérieux coup de pouce aux groupes environnementaux et syndicats polonais. Dimanche, une conversation a d'ailleurs eu lieu entre les Verts polonais et les syndicats. Pour la toute première fois ! Une étape historique.



Le train pour Varsovie, un signal fort aux politiciens

Bien sûr, il ne s'agit là que de petites étapes. Cela peut paraître frustrant et décourageant mais ces petites étapes doivent plutôt être assimilées à des pas de géant. Car ce sont ces petites étapes qui rapprochent les gens et nourrissent leur espoir de changement. Si les organisateurs du « Climate Express » sont capables de remplir un train avec 700 personnes, nos dirigeants doivent, eux, faire preuve de courage et de détermination pour lancer la transition énergétique sur les bons rails. Organiser ce « train pour Varsovie » n'aura pas été de tout repos, les jeunes organisateurs n'auront pas beaucoup dormi et pourtant, ils ont réussi quelque chose de fantastique, dans la bonne humeur. Pour moi, ce « train pour Varsovie » est un signal fort envoyé à nos politiciens et, plus généralement, à toutes les organisations concernées par le climat.

Mon bilan, suite à ce voyage, est donc excellent. J'ai vécu quatre jours intenses, faits de rencontres de valeur entre diverses organisations qui ont pu mieux faire connaissance. Nous avons qui plus est pu goûter au sens de l'hospitalité exceptionnel des Polonais et pour la petite anecdote, mon plus jeune fils a même rencontré son premier amour !
Prochain rendez-vous ? 2015 !

Désormais, c'est le COP21 qui occupe nos pensées. Rendez-vous est déjà pris pour Paris, en 2015. Peu importe que nous y allions en train ou à vélo. L'important sera de rassembler autant de personnes que possible, toutes porteuses du même message puissant. Vous aussi, notez cet important rendez-vous dans votre agenda et rejoignez-nous !"


© Pavel Ilich Jofre


© Pavel Ilich Jofre