L’Arctic Sunrise, l’un de nos navires, est à nouveau d’attaque ! Après avoir été détenu dans les eaux froides de Mourmansk en Russie, il a pris la direction des îles Canaries pour s’opposer aux projets des industries des énergies fossiles. A bord de l’Arctic Sunrise, des activistes – appuyés par d’autres à travers l’Europe - exhortent les dirigeants de ce monde à accélérer la transition vers les énergies propres et durables.

Car c’est ce jeudi que s’ouvre le Sommet européen à Bruxelles, avec les dossiers climat et énergie sur la table. C’est en cette fin de semaine que des décisions cruciales, déterminantes pour le système énergétique européen des prochaines décennies seront prises. J’espère vraiment que les politiciens présents à Bruxelles feront preuve de la même détermination et du même courage qu’affichent nos activistes. Ils ont là une occasion de lutter contre le changement climatique en s’engageant davantage sur la voie des renouvelables et de l’efficacité énergétique.

Nous avons en tout cas multiplié les démarches pour leur envoyer un message clair, menant récemment des actions au large de la Sicile, à la Maison Willy Brandt à Berlin ou encore en Grèce. Une manière de rappeler aux dirigeants européens ce que nous apprenons, sondage après sondage : la population veut moins d’énergies fossiles, plus de renouvelables et plus d’efficacité énergétique.

Ces deux dernières options sont inévitables si nous voulons contrer le changement climatique. Les politiciens européens s’en rendront-ils enfin compte cette semaine ? Prendront-ils enfin les décisions qui s’imposent ?

Messieurs les dirigeants, Greenpeace a un message pour vous : arrêtez de vous voiler la face. Nous courons tout droit à la catastrophe climatique. Votre manque de courage politique, qui empêche toute modernisation de notre vieux système énergétique polluant, n’est en aucun cas une excuse.

Oui, tous ces dirigeants politiques savent ce qu’ils ont à faire. Ils connaissent les options mises à leur disposition pour nous éviter le désastre. A eux de faire le boulot en cette fin de semaine.

Vous n’êtes pas convaincu(e) de ce que veulent réellement les citoyens ? Prenez le train n’importe où en Europe et regardez autour de vous : des éoliennes près de fermes ; de petits toits couverts de panneaux solaires ;  en Allemagne, près de 60% des énergies renouvelables sont utilisés par les ménages, les fermes et les coopératives… Le futur se dessine progressivement, reste à accélérer le processus.

Il est important que, lorsque des bâtiments de bureau doivent être rénovés, les permis soient octroyés à condition que les standards les plus élevés soient utilisés en termes de rénovation. Il est important aussi que chaque bus ou chaque voiture consomment le moins possible de combustibles fossiles, pour les rendre ainsi moins énergivores.

Ce n’est pas tout : les toitures des bâtiments officiels doivent être recouvertes de panneaux solaires, non seulement pour diminuer la facture d’énergie mais aussi, pour montrer que nos dirigeants respectent la volonté de leurs électeurs ; les milliards d’euros que les Européens paient par jour pour importer des combustibles fossiles doivent être réduits et injectés dans le développement d’un secteur renouvelable crédible, qui stimule les investisseurs et crée de l’emploi.

Toutes ces mesures permettront de freiner les changements climatiques. Car à terme, l’inaction nous coûtera beaucoup, beaucoup plus cher…

Greenpeace, et l’ensemble de ses sympathisants en Europe, veulent rappeler aux leaders que nous ne nous contenterons plus d’arguments dépassés. Il faut cesser de prétendre que les forages pétroliers servent à créer de l’emploi. Détruire le tourisme aux îles Canaries ne sera pas bénéfique pour l’économie espagnole.

Il faut cesser de prétendre aussi que les renouvelables coûtent trop cher. Le nouveau réacteur nucléaire proposé par les Britanniques sera bel et bien l’un des générateurs les plus coûteux au monde. Enfin, il faut cesser de prétendre qu’un meilleur système énergétique n’est pas réaliste. Aller vers un système propre, moderne et durable, est le choix le plus logique et réaliste. En fait, c’est le seul choix que nous ayons véritablement. 

Enfin, espérons que cette semaine, les politiciens prennent les décisions en tenant compte de tout un chacun. Méritent-ils réellement nos voix ? C’est à eux de le prouver.

Virag Kaufner est chef de projet européen énergie