Doel 4 à l’arrêt jusqu’à la fin de l’année, Doel 3 et Tihange 2 peut-être  contraints de prendre leur retraite… Trois des sept réacteurs que compte notre pays sont donc sur la touche. Et notre sécurité d’approvisionnement énergétique sérieusement menacée. Le discours des organisations environnementales était-il dès lors si alarmiste ou farfelu ?

Les faits sont là, implacables : notre surdépendance aux géants de l’énergie comporte des risques. Mais sans doute était-il plus simple de nier l’évidence plutôt que de plancher sur une politique énergétique durable digne de ce nom, avec une véritable vision à long terme.

Nos vieilles centrales sont pourtant bel et bien dépassées. C’est maintenant qu’il faut envisager leur fermeture et c’est maintenant qu’il convient de définir des solutions énergétiques durables. Ce ne sont pas les éoliennes ou les panneaux solaires qui portent la responsabilité des problèmes énergétiques qui frappent la Belgique. Mais les tergiversations de nos dirigeants politiques et nos centrales nucléaires, aussi vieilles que peu fiables.

Attendre la formation d’un nouveau gouvernement pour prendre position n’est en aucun cas une option. Au Premier Ministre Di Rupo d’assumer ses responsabilités et de passer outre les querelles politiques afin d’éviter que notre pays ne plonge dans le noir cet hiver. Oui, l’urgence est bien là. De grâce, arrêtons d’accorder un temps précieux aux idées nucléaires délirantes de la N-VA ! Construire de nouvelles centrales nucléaires implique des dépenses bien trop élevées et ne résoudra nullement nos soucis énergétiques, que ce soit à court ou à moyen terme.

Osons prendre des mesures énergétiques ambitieuses

L’heure est à l’audace. Osons prendre des mesures énergétiques ambitieuses pour prévenir toute panne éventuelle. Encourageons la fourniture d’énergie en maintenant en éveil les centrales au gaz disponibles ou encore en accélérant la mise en œuvre des économies d’énergie. Elio Di Rupo a là un rôle à jouer. Il reste, à l’heure actuelle, chef d’état et a l’occasion de le prouver en prenant la main pour s’entretenir avec les autres partis et activer des mesures énergétiques audacieuses. Mardi, Bart De Wever affirmait dans l’émission de la VRT « Terzake » que la politique énergétique de notre pays devait être abordée d’une autre manière. Or, jusqu’ici, elle a toujours été abordée en misant énormément sur le nucléaire. Nous supposons donc que le président de la N-VA envisage des alternatives.

Si des solutions urgentes sont attendues pour garantir notre sécurité d’approvisionnement à court terme, celles-ci ne peuvent, en aucun cas, constituer un frein à l’implantation d’une politique énergétique durable, avec une vision d’avenir. Objectif ? Mettre un terme aux politiques énergétiques incertaines et peu fiables qui ont baigné la Belgique ces dix dernières années. Nous avons plus que jamais besoin, au niveau fédéral, d’un accord énergétique porté par les divers acteurs de notre société, qui définit des lignes claires pour l’utilisation de sources d’énergies propres et renouvelables et qui encourage une consommation énergétique bien plus efficace.

C’est l’unique voie à emprunter : l’ère de l’énergie renouvelable jugée trop chère est révolue. Accessible et « payable », elle constitue, avec les économies d’énergie, la solution la plus avantageuse. Nous ne sommes certainement pas seuls à le penser. Ces derniers jours, de nombreux interlocuteurs se sont invités à la table du débat énergétique. Experts, économistes ou encore politiciens l’ont tour à tour affirmé : l’énergie nucléaire appartient au passé.

Copyright Paul-Langrock.de. Nach Sonnenaufgang im Offshore Windpark Gunfleet Sands GF 1 und 2 ca 10 km vor der englischen Nordseekueste im laufenden Betrieb, Betreiber Dong Energy. Insgesamt erzeugen 48 Windenergieanlagen der Siemens Wind Power mit je 3.6 MW total 172 Megawatt elektrische Leistung. Windkraftanlage, Gigant, gigantisch, Offshorewindpark, Windenergie, Offshorewindenergie, Offshorewind, Offshorewindkraft, Offshorewindkraftanlage, Windkraft, Energie, Energiewende, erneuerbare, alternative, gruene, regenerative, Windstrom, Windfarm, See, Meer, Wind. Englische, britische Nordsee vor Clacton on Sea, Essex, England, United Kingdom, UK, Grossbritannien. 14. Januar 2013

Coup d’œil chez nos voisins allemands

Nos voisins allemands ne l’ont pas uniquement compris, ils sont également passés à la pratique et ont choisi d’accélérer le processus destiné à minimiser les risques que leur faisaient courir leurs centrales vieillissantes. Avec succès puisqu’en trois ans, ils ont produit, en termes d’énergies renouvelables, l’équivalent de huit grosses centrales nucléaires tandis que plus d’un million de toits allemands sont équipés de panneaux solaires. Les retombées ne manquent pas : le nombre d’emplois dans le secteur énergétique a grimpé en flèche, les économies locales s’en retrouvent stimulées et l’indépendance énergétique renforcée. Désormais, un quart de l’énergie allemande provient de sources renouvelables. Et chez nous ? Notre piètre bilan de 7% nous fait accuser un sérieux retard sur le plan européen.

Nous lisons et entendons que les négociateurs du prochain gouvernement sont préoccupés par notre économie. Ne voient-ils donc pas l’opportunité que leur offrent des investissements énergétiques durables ? Les citoyens, les communes, à travers des initiatives locales de coopératives énergétiques par exemple, y ont tout à gagner. Mais le commerce, l’emploi et l’industrie belge en général bénéficieraient également d’investissements audacieux et durables sur le plan de l’énergie.

Notre pays a besoin d’audace politique et d’une vision à long terme. De vastes consultations sans tabous ou intentions cachées sont nécessaires si nous tenons à sérieusement résoudre nos problèmes énergétiques, que ce soit à court ou à long terme. Nos dirigeants politiques se trompent en accordant autant de crédit au lobby des grandes compagnies énergétiques. Leur priorité est le profit alors que la priorité du pays touche à un avenir énergétique durable. Plus question de bricoler ou de stagner. Le blocage a déjà assez duré. Y a-t-il un chef d’état dans la salle, de véritables leaders politiques ? Se décideront-ils à enfin prendre leurs responsabilités ?

- Rianne Teule est directrice de campagnes pour Greenpeace Belgique