Le "soap" énergétique se poursuit au Parlement belge. Ce mercredi, la séance plénière a été suspendue, puis les débats et le vote sur la prolongation de Doel 1 et Doel 2 remis à plus tard, histoire de donner au Conseil d'Etat le temps d'analyser les nouveaux amendements déposés par l’opposition. Ce qui se justifie pleinement ! L'insécurité juridique caractérisant ce dossier surréaliste est bien trop grande que pour continuer à faire preuve de légèreté.
 
Visiblement très irritée par la tournure des événements, la Ministre Marghem se sent-elle un peu isolée ? Le scepticisme semble en tout cas gagner certains rangs de la majorité. Des voix émanant du CD&V et de la NV-A n’ont-elles pas déjà laissé sous-entendre qu’il serait peut-être temps d’envisager des solutions alternatives ? La Ministre Marghem et le gouvernement Michel 1er ont beau s’accrocher vaille que vaille au nucléaire, un plan B paraît inévitable pour les deux prochains hivers.



Cour constitutionnelle

Car le projet de loi pour prolonger Doel 1 et Doel 2 risque de ne pas être voté dans l’immédiat. De quoi ralentir encore un peu plus un processus qui ne fait que s’enfoncer dans le marasme. N’oublions pas qu’il faudra aussi attendre les recommandations de l'AFCN pour la réouverture des vieux réacteurs, avec les critères de sécurité qu’elles impliquent. Electrabel devra bien s’y soumettre… à moins que d’importants et coûteux travaux ne soient trop lourds à porter ?

Et puis même… Admettons que le projet de loi de la Ministre Marghem soit voté et approuvé par l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire. Il devra malgré tout se plier aux obligations internationales belges dans le cas de prolongation de vieilles centrales nucléaires. Autrement dit à une étude d’impact environnemental et à une consultation publique. Le tribunal de Bruxelles a certes rendu un jugement dans le dossier opposant Greenpeace à l’Etat belge... mais il a omis de se prononcer sur le fond. Pour nous, ce projet ne passera pas l’écueil de la Cour constitutionnelle.

On prend les paris : Doel 1 et Doel 2 ne seront pas rouverts et opérationnels pour fournir de l'électricité à l'automne voire à l'hiver prochain. Qu'attend donc la ministre Marghem pour envisager de véritables alternatives énergétiques ?



La piste néerlandaise

Plusieurs pistes ont pourtant déjà été évoquées, notamment par  l’ex-patron de la CREG Dominique Woitrin. Elles mériteraient d'être réellement prises en considération. En particulier celle qui envisage une interconnexion avec les Pays-Bas pour bénéficier de leur surcapacité de production électrique. Cette option viserait à accélérer un projet existant : le BRABO. Dans les cartons d'Elia, il devrait être réalisé en 2019. Ne pourrait-il pas prendre le relais et devenir la priorité des techniciens d'Elia pour assurer une sécurité d'approvisionnement rapide et techniquement faisable tout en garantissant la sécurité des citoyens ?

Le "soap" n’a que trop duré. Un plan B crédible doit être mis sur la table.  Un plan qui sécurisera, de manière fiable, notre approvisionnement énergétique à court terme. Mais aussi à plus long terme par la mise en place d’un véritable pacte énergétique. Notre gouvernement a assez perdu de temps. Il s’est suffisamment couvert de ridicule en faisant systématiquement les mauvais choix énergétiques. Alors, madame Marghem, persistez-vous sur la voie du black-out ? Quel est donc votre plan B ?