La sécurité d’approvisionnement a toujours été l’argument ultime du gouvernement pour prolonger l’exploitation des réacteurs nucléaires les plus anciens. La réalité en est loin. Au cours des deux dernières années, Tihange 1 a été plus souvent à l’arrêt qu’en fonctionnement...

En vertu de la Loi sur la sortie du nucléaire (2003), les réacteurs Tihange 1, Doel 1 et Doel 2 devaient être arrêtés définitivement en 2015. Le gouvernement Di Rupo a d’abord estimé qu’il était nécessaire de maintenir Tihange 1 en fonctionnement pour une dizaine d’années supplémentaires, puis le gouvernement Michel a décidé de prolonger la durée de vie des deux plus anciennes unités de Doel.

L’argument ultime des deux gouvernements était qu’en procédant autrement, la sécurité de l’approvisionnement serait compromise. Comme d’autres experts, nous avions prévenu que ces réacteurs nucléaires obsolètes seraient plus fréquemment à l’arrêt, et surtout, pour de plus longues périodes, mettant ainsi en péril notre approvisionnement énergétique. Les faits nous ont donné raison.

Au cours de leurs 20 premières années d’exploitation, les réacteurs nucléaires ont produit en moyenne pendant 90 % du temps. En 2015, ce taux est tombé à 48 % à peine, et au cours des deux années suivantes, il a chaque fois atteint 80 %. En moyenne, depuis 2015, la disponibilité du parc nucléaire belge est donc de 69 %.

Les ratés de Tihange 1

Nous n’avons pas encore pu beaucoup profiter de la prolongation de la durée de vie de Tihange 1. Entre octobre 2015 et octobre 2017, ce réacteur de 1000 MW a produit de l’électricité pendant 44 % du temps seulement :

  • En 2016, le réacteur a été à l’arrêt pendant 231 jours ;
  • En 2017, Tihange 1 n’a été hors service « que » pendant 213 jours ;
  • Il s’agissait principalement d’arrêts non planifiés dus à des incidents imprévus et à des défaillances techniques.

Et les énergies renouvelables ?

Pendant longtemps, la disponibilité des sources d’énergie renouvelables, largement tributaire du vent et de l’ensoleillement a fait l’objet de railleries. Aujourd’hui, la disponibilité des anciens réacteurs nucléaires diminue de plus en plus. À l’inverse, les innovations technologiques augmentent la disponibilité des ressources renouvelables. Ainsi, les parcs éoliens offshore atteignent déjà un taux de disponibilité de 50 % et les éoliennes terrestres approchent des 30 %.

L’avantage majeur par rapport aux centrales nucléaires réside dans le fait que l’indisponibilité des installations éoliennes et solaires peut être prédite de manière assez précise au moyen de modèles météorologiques informatiques modernes, de sorte qu’une partie de l’indisponibilité peut être anticipée.