Le sommet sur le climat de Paris se rapproche à vue d’œil. Les déclarations et rapports climatiques se suivent. A tel point que même l’église catholique s’est immiscée dans le débat cette semaine. Une "déclaration politique" de plus ou un manifeste qui peut mobiliser plus d’un milliard de croyants dans le monde ?

Le dire haut et fort

Dans son encyclique sur l’environnement, le pape François parle en tout cas un langage clair. Il y plaide explicitement pour un démantèlement des carburants fossiles, pour un passage aux énergies renouvelables et un accord international sur le climat fort. Le pape rejoint de la sorte la multitude sans cesse croissante de faiseurs d’opinion et de dirigeants religieux qui préconisent un revirement radical de notre modèle énergétique.



Cet appel ne passera pas inaperçu dans beaucoup de pays. De nombreux négationnistes climatiques du Sénat américain sont de fervents chrétiens. Voir le pape écarter d’un revers de la main leurs arguments et désigner l’homme comme la cause principale du changement climatique les met dans une position difficile. En Amérique latine et dans un certain nombre de pays européen, le message papal peut constituer un revers assez cinglant.

Un revirement plus rapide en faveur des énergies renouvelables
Greenpeace se félicite de ce message du pape et lui fait d’ores et déjà deux suggestions pour alimenter véritablement la locomotive climatique. En premier lieu, veiller à ce que la banque du Vatican se joigne à la campagne croissante en faveur du Désinvestissement et retire ses fonds des entreprises  d’énergies fossiles. En second lieu, inciter les communautés chrétiennes dans le monde entier à jouer aux pionniers en matière de révolution énergétique et d’économie durable.

Le pape François n’a toutefois pas été le seul cette semaine à briser le silence pour une action ambitieuse en faveur du climat. Même l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a demandé une augmentation sensible des objectifs de réduction de CO2, notamment par un abandon rapide du charbon et d’autres carburants fossiles au profit des énergies renouvelables. Sans des objectifs plus ambitieux, nous nous ne pourrons jamais rester en dessous d’un réchauffement de 2°C. Pas besoin de réfléchir longtemps pour comprendre ce que l’augmentation actuelle de 0,8°C signifie...



Plus d’excuses dorénavant
2014 a pourtant été une année magnifique en matière d’énergies renouvelables. Avec une croissance plus importante que celle du secteur des énergies fossiles, nous avons réussi à empêcher les émissions de CO2 du monde entier d’augmenter (sans crise économique). Une première ! Pas étonnant, dès lors, que l’énergie éolienne soit, au rayon des nouvelles capacités énergétiques, la technologie la plus avantageuse et que les panneaux solaires installés sur votre toit produisent, dans beaucoup de pays, une énergie meilleure marché que celle du réseau.

Cette réalité se fera bientôt ressentir dans les grandes entreprises énergétiques. Les investissements à grande échelle dans les centrales au charbon ou au gaz (pour ne pas citer les centrales nucléaires) deviennent de moins en moins intéressants sur plan financier. Moins d’émissions de CO2 dans le secteur énergétique ne constituent désormais plus un défi aussi ardu, il s’agit d’une opportunité.  Et des gens comme le pape François l’ont déjà bien compris depuis longtemps. Mesdames et messieurs les ministres qui vont négocier à la fin de l’année à Paris un accord international sur le climat, il est grand temps de sauter dans le train!