Le week-end dernier, mon Twitterfeed débordait des centaines de milliers de messages du monde entier, y compris d'Amsterdam où je vis désormais, d’internautes qui déclaraient être solidaires avec le mouvement de protestation Occupy Wall Street. Il s’agit d’un mouvement qui a rapidement dépassé le seul horizon de Wall Street. La raison en est simple : les citoyens  en ont marre que l'appât du gain l'emporte sur l'homme et sur la planète.

Kumi Naidoo, de passage à Bruxelles le 22 octobre dernier, dans le cadre du 40ème anniversaire de Greenpeace : "Il n'y a plus de temps à perdre ! Pour accroître notre efficacité, nous devons mener campagne aux côtés de groupes d'individus aussi vastes que possible."

Nous en avons assez que les entreprises fixent la qualité de l'air

Greenpeace agit contre des entreprises polluantes qui dictent aux gouvernements ce qu'ils doivent faire, sans penser aux conséquences. Nous en avons assez que les entreprises fixent la qualité de l'air, contrôlent l'accès à la nourriture et aient le dernier mot en matière d'énergie propre et sûre. En tant qu'organisation et en tant qu'individus, nous soutenons l'appel croissant au changement. Le mouvement Occupy n’en est qu’à ses balbutiements mais l'insatisfaction qui est à la base de cette contestation existe déjà depuis longtemps dans une large couche de la population.

Depuis que je suis directeur de Greenpeace International, j'ai vu de mes propres yeux des entreprises obtenir des permis pour polluer et contrôler notre environnement. La catastrophe nucléaire de Fukushima a clairement montré comment l'industrie nucléaire et les gouvernements se serrent les coudes, tout comme la responsabilité limitée dont jouit l'industrie nucléaire. Le peuple japonais, déjà frappé dans le passé par les conséquences d'une contamination radioactive, doit désormais payer pour remettre la zone touchée en état.

En Indonésie, dans la région de l'Amazone et au Congo, les intérêts commerciaux sont le moteur du déboisement. Sur la mer, des flottilles de navires de pêche industriels géants vident les océans à un rythme effrayant. L'industrie agricole décide de la sécurité alimentaire de beaucoup de personnes. Les géants chimiques polluent les rivières et même les vêtements et les jouets de nos enfants. Quel est le point commun de tout cela ? Ce sont toujours les gens qui vivent dans la pauvreté qui sont les premiers à en payer le prix.

Le moment est venu d'agir, à l'échelle mondiale

Tout comme Occupy Wall Street, nous voulons un monde meilleur, plus libre. L'action non-violente et la désobéissance civile peuvent également compter sur notre sympathie. Dans quelques semaines, des gouvernements et des entreprises se réuniront à Durban, la ville où je suis né, pour discuter une fois de plus du défi considéré par Greenpeace comme le plus urgent pour l'homme et la planète : le changement climatique. Mais le temps des discussions est depuis longtemps révolu. À présent, le moment est venu d'agir et cela à une échelle semblable à ce que nous avons vu le week-end dernier dans des centaines de villes du monde entier, de Sydney à New Delhi et de Rio de Janeiro à New York.

Nous savons qu'il existe un important soutien démocratique à une transition rapide vers les énergies renouvelables mais les sociétés d'exploitation de charbon et de pétrole sapent la politique en matière de climat dans le monde entier. Aux USA, les frères Koch (des magnats du pétrole) sponsorisent des contestataires du mouvement de préservation du climat et, avec d'autres entreprises du secteur des combustibles fossiles, ils font obstacle au changement politique dont nous avons tellement besoin.

Greenpeace est habituée à ces occupations pacifiques. Certains diront même que cela devient une habitude. Personne ne sera donc surpris que nous soutenions les idéaux du mouvement Occupy. Ce n'est que le début d'un mouvement de masse pour le changement et nous marchons main dans la main avec tout citoyen qui soutient cette entreprise pacifique.

Comme tout mouvement, le temps viendra où les idéaux devront être traduits en exigences  concrètes. Cependant, nous encourageons ses membres à tenir bon. Le dialogue public non violent que nous observons dans le monde entier dans le cadre des événements Occupy est un élément vital d'une démocratie saine.

La semaine passée, j'ai accordé une interview au Huffington Post et le journaliste m'a demandé quel était l'intérêt de la désobéissance civile. Au cours des nombreuses années pendant lesquelles je me suis battu pour en finir avec la pauvreté, l'apartheid et aujourd'hui, en tant que travailleur d’une organisation œuvrant à la préservation de l'environnement, j'ai appris que la désobéissance civile et la protestation pacifique à grande échelle sont les seuls moyens de lancer un véritable changement et la démocratie.

Greenpeace est bien décidée à jouer son rôle afin de garantir que nos gouvernements et les entreprises répondront aux attentes de la population : une planète pacifique, juste et écologique.