Depuis maintenant plus d’un an, Lesbos, île grecque située à quelques kilomètres de la côte turque, est le théâtre d'un véritable drame humanitaire. Chaque jour, des centaines de Syriens, d'Afghans et d’Irakiens débarquent sur des plages déjà jonchées de gilets de sauvetage. Lasse de voir toutes ces images de détresse et de me sentir impuissante, j’ai décidé de me rendre sur place.

Camille Ghislain

Je me suis donc envolée vers Lesbos où j’ai rejoint l’équipe de Greenpeace Grèce et l’équipe de Médecins Sans frontières qui collaborent ensemble sur place depuis le mois de novembre. Dans l’avion, je me suis rendue compte combien il était simple pour moi de voyager, pendant que d’autres risquaient leur vie en faisant le trajet en sens inverse.

Gilets de la mort

Arrivée sur l’île, je suis frappée par le climat ambiant. Tout est paisible. Me suis‐je donc trompée d’endroit ? En continuant ma route, j’aperçois au loin des taches oranges. Devant moi se dresse une montagne de gilets de sauvetage.

Nous sommes arrivés dans l’un des lieux où gilets de sauvetage, débris de bateaux et vêtements de toutes sortes sont amassés et abandonnés au coin d’une colline. Ce paysage apocalyptique me ramène à la triste réalité. Aaron, chargé de mission pour Greenpeace International, est présent sur l’île depuis un certain temps. Il m’explique ; "Ce ne sont pas des gilets de sauvetage, mais plutôt des ‘gilets de la mort’. Ils sont remplis de mousse, ne sont d’aucune utilité. Bien au contraire, ils alourdissent les naufragés."

Ces gilets de sauvetage ne sont d'aucune utilité...

Dans la masse, j’aperçois une chaussure, pas plus grande que ma main; à côté, une brassière Hello Kitty, en lambeaux : je me demande ce qui a bien pu arriver à l’enfant qui la portait... Ces hommes, ces femmes et ces enfants ont tout laissé derrière eux, leur vie, leur maison, leur travail pour fuir la guerre et la misère.

La Turquie n’est pas loin et pourtant…

Plus loin, nous arrivons sur une plage de galets. En face, la Turquie. Elle n'est qu'à une petite dizaine de kilomètres. La côte turque semble si proche que l’on pourrait presque la toucher: illusion mortelle. Rien qu’en 2015, 3771 personnes ont perdu la vie, en essayant de traverser la mer Egée. "Quand je suis arrivé ici, des centaines de bateaux tentaient d’accoster tous les jours. C’était la folie, nous n’étions pas préparés à ça" me dit Aaron. "Maintenant nous sommes mieux organisés, nous surveillons la mer 24 heures sur 24, et dès que des embarcations de réfugiés arrivent, nos bateaux s’assurent qu’ils accostent en toute sécurité."

Mon job : repérer au loin les bateaux de réfugiés

Ce sera aussi mon boulot pendant cette semaine que je vais passer à Lesbos : repérer, depuis le point de vue Juliet, les réfugiés qui arrivent par la mer pour ensuite envoyer nos bateaux Greenpeace. Je suis heureuse de pouvoir apporter une petite contribution, de pouvoir participer à ce mouvement d’aide aux réfugiés et de répondre à la crise des migrants par les moyens qui sont à ma disposition.

Il est essentiel de repérer les réfugiés qui arrivent par la mer

Ma première journée s’est bien terminée. En début de soirée, un bateau de réfugiés est arrivé. Et tout s’est bien passé. Espérons que cela continue ainsi.