MISE A JOUR - Premier pas dans le bon sens : lors de l’audition qui s’est tenue à la Commission Environnement du Parlement fédéral, ce 3 juin, la représentante du cabinet de la Ministre fédérale de l’Environnement, Marie-Christine Marghem, a annoncé que davantage de moyens seront bientôt consacrés au contrôle du bois illégal qui entre en Belgique. C’est vrai que, de l’avis de tous, une seule personne travaillant à mi-temps sur le problème, c’était vraiment trop peu. La Présidente de la Commission, Muriel Gerkens, a annoncé par ailleurs un projet de résolution sur lequel pourrait travailler le Parlement fédéral afin de pousser le gouvernement à réagir rapidement, initiative à saluer.

Et pendant ce temps, le bois illégal continue d’affluer dans l’Union européenne via la Belgique. Un nouveau rapport diffusé cette semaine par Greenpeace, The Amazon’s Silent Crisis: Licence to launder, confirme les problèmes persistants liés au bois brésilien. Le rapport met en lumière l’activité de 22 scieries et 45 exportateurs impliqués dans l’utilisation de faux documents pour l’exportation vers la Belgique et d’autres Etats européens. Malgré les informations régulièrement diffusées par Greenpeace, les mesures prises par la Belgique restent très insuffisantes. La Commission européenne évalue actuellement ces mesures et rendra son rapport fin 2015.

Malgré les efforts entrepris ces dernières années contre la déforestation des forêts anciennes et  l’exploitation illégale de bois, le constat reste accablant : les pays de l’Union européenne, dont la Belgique, continuent à contribuer à ce fléau en important du bois récolté illégalement, faisant des consommateurs européens les complices de la destruction des forêts.

Audition au Parlement

Suite à l’action menée par Greenpeace en avril dernier devant le Cabinet de la Ministre fédérale de l’Environnement, Marie-Christine Marghem, la Commission de la Santé Publique, de l'Environnement et du Renouveau de la Société de la Chambre des Représentants a décidé de se saisir du dossier et d’entendre les différentes parties prenantes. Ce mercredi , une audition formelle aura donc lieu. Elle réunira Greenpeace, WWF, la Commission européenne, le SPF Santé  publique,  Sécurité  de  la  Chaîne  alimentaire et Environnement, le cabinet de la ministre Marghem et la Fédération Belge du Commerce d’Importation de Bois.



La Belgique, porte d’entrée du bois illégal….

L’enjeu est de taille. Malgré les mesures prises par l’Union européenne, la Belgique reste une porte d’entrée du bois illégal, provenant notamment du Brésil ou du bassin du Congo. Depuis 2013, une loi européenne interdit la mise sur le marché de bois illégal : elle oblige, d’une part, les entreprises à mettre en place des mesures d’évaluation et d’atténuation des risques, et d’autre part, les Etats à contrôler les opérateurs privés de manière systématique. Malgré cela, Greenpeace a régulièrement constaté que du bois tropical illégal, ou à très haut risque, continue à rentrer en Belgique et en Europe. En 2014, Greenpeace avait publié un rapport sur l’état de la situation au Brésil, avant de tracer la route du bois illégal par GPS et de faire le lien avec les acheteurs européens et belges. Malgré l’arrivée de plusieurs conteneurs suspects en Belgique, les autorités de contrôle ont fini par relâcher le bois saisi.

…que personne ne ferme

Et la situation continue. Greenpeace vient de publier un nouveau rapport sur la situation en République Démocratique du Congo (RDC). Dans "Exporter le chaos", Greenpeace Afrique révèle les conclusions de deux années d'investigations sur les activités de la société libanaise Cotrefor. Un acteur clé du chaos forestier régnant en RDC.  Les résultats sont accablants : dépassement des quotas de coupe fixés, exploitation d’espèces protégées  sans autorisation,  permis douteux, taxes impayées, mauvais traitements des employés, irrégularités dans les procédures opérationnelles, et bien d’autres. Toutefois, le bois exploité par Cotrefor est exporté sans problème de la RDC et se retrouve chez nous, où il est acheté par des opérateurs européens peu inquiétés par les contrôles.



Les moyens actuellement mis en œuvre par la Belgique ne sont manifestement pas à la hauteur de la tâche qui lui incombe. Pour cette raison, Greenpeace demande au gouvernement belge, notamment : d’assumer ses responsabilités et d’imposer des sanctions effectives et dissuasives pour chaque infraction constatée ; de ne pas se contenter des documents officiels qui accompagnent le bois, sachant qu’ils peuvent être facilement falsifiés ; de contrôler systématiquement les opérateurs privés  et d’envisager leur enregistrement ; d’organiser la coopérations entre les autorités publiques.

Le Parlement belge a une chance de corriger la situation en demandant des comptes au gouvernement.

Le fera-t-il ?