Qu'en est-il aujourd'hui de Delhaize ? Grâce à votre soutien massif, la chaîne de supermarchés s'est engagée, le 17 février dernier, à retirer des produits de ses marques de distributeur l'huile de palme liée à la déforestation. Les plantations de palmiers à huile sont un des principaux facteurs de déforestation en Indonésie et s'étendent de plus en plus aussi en Afrique. La semaine dernière, Delhaize a dressé un premier état des lieux dans son rapport annuel sur la durabilité.

Sans déforestation d'ici 2020

Delhaize fait partie d'un groupe croissant d'entreprises qui se sont engagées de prendre des mesures afin de veiller à ce que l'huile de palme présente dans leurs produits ne contribue pas à la déforestation ni à des conflits sociaux. Il s'agit de fabricants de marques connues telles qu'Unilever, Colgate-Palmolive, Procter & Gamble, Vandemoortele, Lotus et beaucoup d'autres, mais aussi de producteurs et négociants d'huile de palme tels que Wilmar et GAR.

Delhaize a promis que les produits de ses marques de distributeur ne contiendraient plus que de l'huile de palme non liée à la déforestation d'ici 2020. L'huile de palme issue de plantations pour lesquelles des forêts ou des tourbières ont été détruits n'aura alors plus sa place dans les rayons. Si 2020 est encore loin, d'ici 2018, 80 % de l'ensemble de l'huile de palme utilisée doit être 'propre', et d'ici 2015 l'huile de palme doit être entièrement traçable. En d'autres termes, les fournisseurs de Delhaize devront pouvoir dire avec précision de quelles plantations provient l'huile de palme qu'ils utilisent.

Les premières étapes

Il ne sera possible de voir si la déforestation et l'exploitation sociale à cause de l'huile de
palme disparaissent véritablement qu'après la mise en œuvre concrète de cette nouvelle politique liée à l'huile de palme. Delhaize et compagnie ont encore beaucoup de pain sur la planche : Quels produits contiennent de l'huile de palme ? D'où provient exactement l'huile de palme présente dans ces produits ? Le producteur applique-t-il une politique visant à protéger les forêts et les tourbières ? Cette politique est-elle aussi rigoureusement suivie ? Afin de bannir l'huile de palme 'sale' de leurs produits, ces entreprises doivent développer des systèmes leur permettant de répondre en détail à ce type de questions.

Delhaize possède des magasins dans huit pays, sur trois continents, chaque fois avec des fournisseurs différents. Dans tous ces pays, Delhaize a déjà identifié les produits contenant de l'huile de palme, et dans six des huit, une évaluation de la quantité d'huile de palme utilisée a aussi été réalisée : au total environ 8 000 tonnes par an.

Delhaize a fait savoir que le décompte serait terminé encore ce mois-ci pour les autres pays. Plus tard cette année, Delhaize communiquera formellement à tous ses fournisseurs les conditions que doit respecter leur huile de palme. Toutes ces étapes nécessaires en vue de mettre en œuvre sa politique témoignent de la sincérité de l'enseigne.

Un autre aspect positif est le fait que Delhaize souhaite aussi étendre sa politique zéro déforestation à d'autres matières premières à risques, telles que le papier et le soja – même si le déploiement concret reste pour l'instant encore très vague.

Le temps des actes

Delhaize ne passe d'ores et déjà pas à un premier test important : la gestion des fournisseurs problématiques. Greenpeace mène régulièrement des enquêtes de terrain auprès de fournisseurs d'huile de palme impliqués dans la destruction des forêts. Nos dernières découvertes, publiées pendant notre campagne sur Head & Shoulders et transmises à Delhaize, ont relié trois entreprises d'huile de palme – KLK, Musim Mas et Asian Agri – à des activités de déforestation et à des conflits sociaux. Delhaize a fait savoir que ces entreprises figuraient dans sa chaîne d'approvisionnement, mais qu'aucune mesure n'avait encore été prise à leur encontre.

Greenpeace demande à Delhaize d'agir en conformité avec sa propre politique, en intervenant immédiatement à l'égard des fournisseurs problématiques. Cela implique de communiquer ses exigences à ces fournisseurs et, s'ils ne cessent pas leurs mauvaises pratiques, de les exclure de sa chaîne d'approvisionnement.

Colruyt doit suivre

Entre-temps, la liste des entreprises qui s'engagent en faveur d'une politique de zéro déforestation continue de s'allonger, avec de nouveaux noms tels que Danone ou Johnson & Johnson. Le grand absent reste toutefois Colruyt, qui s'appuie encore et toujours sur la certification insuffisante RSPO. La plus grande chaîne de supermarchés de Belgique doit urgemment rattraper son retard et se prononcer clairement pour une suppression de l'huile de palme issue de la déforestation dans ses produits, si elle ne veut pas rester désespérément à la traîne.