Le bassin du Congo abrite la deuxième plus grande forêt tropicale du monde. Cette forêt est l’objet de toutes les convoitises et c’est particulièrement vrai dans mon pays, le Congo. Ces dernières semaines ont été marquées par une mobilisation pour la protection de la forêt qui fait chaud au cœur.

Au Congo, la forêt est un gage de survie pour 40 millions de mes compatriotes qui y trouvent de quoi se nourrir, se soigner ou chauffer leurs aliments. Cette forêt, c’est pour moi, un des plus beaux endroits sur terre, la biodiversité y est incroyable. Malheureusement, elle attire des industriels avides de gains. Ayant obtenu des permis destinés uniquement aux exploitants artisanaux de nationalité congolaise, les opérateurs industriels étrangers ravagent des zones massives de la forêt tropicale.

Face à cette menace, 22.788 Congolais ont signé une pétition que nous venons de présenter au Premier Ministre congolais. Elle demande le renforcement du moratoire existant sur de nouveaux permis d'exploitation forestière industrielle ainsi que l'annulation de tous les permis artisanaux illégaux. Ces signatures ont été collectées dans les provinces de Bandundu, Equateur, Kasai Oriental, Province orientale, Nord Kivu, bas Congo et Kinshasa.

Trop, c'est trop !

"Trop, c'est trop !" clament ceux qui ont signé la pétition. Le nouveau gouvernement congolais doit prendre des mesures pour renforcer le moratoire existant. Les gens ont signé cette pétition pour exprimer leur frustration quant à la destruction incontrôlée de leur forêt, leurs moyens de subsistance et leur patrimoine ancestral.

Depuis 2002, le gouvernement congolais a décidé de suspendre l’octroi de nouvelles concessions forestières industrielles. La société civile n’a toutefois pas noté d’améliorations perceptibles, en fait, les choses semblent s'empirer : l'exploitation forestière n’est pas contrôlée, l’administration forestière semble être complice dans le scandale.

Dans les forêts, les communautés locales sont indignées car elles assistent à la destruction provoquée par des « soi-disant exploitants artisanaux » qui - en réalité - travaillent à l'échelle industrielle... Malheureusement cet abus dans l'attribution des permis d'exploitation ne se limite pas à un endroit. Il a été enregistré dans les trois grandes provinces forestières et sur l'ensemble du territoire congolais.

Au Premier Ministre d’agir

Rythme des opérations, quantité des grumes évacuées non chiffrées, confusion dans l'attribution des permis d'exploitation... tout cela a un impact direct sur les communautés qui dépendent de la forêt, et sur la forêt tropicale elle-même.

Nous espérons que grâce à la pétition, le Premier Ministre se rendra compte de la tragédie qui se déroule devant lui. Il doit veiller à protéger la forêt de l'exploitation forestière illégale au risque d’assister à sa dévastation.