Cela ne vous a sans doute pas échappé si vous suivez régulièrement notre campagne forêts : nous avons publié, l’année passée, une série de rapports soulignant les bons et les mauvais côtés de la certification FSC. Avouons-le : aucun autre label forestier ne se rapproche du niveau du FSC. Un gage de qualité qui doit bien entendu être maintenu mais qui ne signifie pas pour autant que tout est parfait ! La preuve avec ce nouveau cas que nous avons détecté en Russie.

Les certificats FSC auraient-ils été instaurés pour encourager l’exploitation non-durable dans les dernières forêts intactes de notre planète ? Loin de là, et c’est d’ailleurs pour cette raison que chez nous, la pilule passe très difficilement. Ces paysages forestiers, véritables poumons de notre chère terre, sont extrêmement riches en biodiversité ! La fragmentation des forêts, à travers son exploitation, constitue généralement la première étape vers la déforestation complète et la conversion de ces zones forestières en pâturages et prairies ou en exploitations minières. Ce triste phénomène nous maintient constamment en éveil au Congo et au Brésil. Mais nous restons tout aussi vigilants dans d’autres régions, en Russie notamment, où la situation n’est guère différente. 

Dans la forêt Dvinsky

Elle est si dramatique que dans un avenir proche, l’industrie n’hésitera pas à exploiter les forêts les plus précieuses, quitte à les saccager complètement. Les zones les plus accessibles et les plus productives de la taïga étant pratiquement épuisées, l’industrie forestière a désormais jeté son dévolu sur les régions du nord, plus difficiles d’accès… et par ailleurs très fragiles. Mes collègues russes se sont déjà rendus dans la forêt Dvinsky, au nord-ouest du pays, et ont réalisé une cartographie pour le moins saisissante, démontrant à quel point l’exploitation forestière non-durable – qui ressemble plus aux pratiques de l’industrie minière – contribue à la déforestation. Et cela avec le consentement, en grande partie, du FSC !

Ce label préfère visiblement certifier autant de bois que possible, plutôt que de promouvoir la gestion forestière durable en Russie…

Le label « mixte »

Et c’est ce bois qui arrive, entre autre, directement chez nous, avec l’étiquette du « label FSC mixte ». Une catégorie qui mélange bois certifié FSC et bois non-certifié. Plus de la moitié du bois exporté par la Russie est ainsi lié, d’une manière ou d’une autre au FSC. En ce qui concerne le papier et la pâte à papier, les volumes sont encore plus importants puisqu’on est bien au-delà des 50% évoqués pour la production de bois, soit respectivement 90 et 98% ! Les pays européens, à l’instar de la Belgique, en sont-ils conscients ? Ils feraient en tout cas bien de s’interroger sur la réelle valeur du label FSC, eux qui achètent en grande quantité les trois produits cités plus haut. Une remise en question d’autant plus nécessaire que l’heure est au respect du Règlement Bois Européen, afin d’éviter tout import de bois illégal sur notre marché.

C’est un fait: le FSC a malheureusement échoué en Russie et doit, au plus vite, rectifier le tir. Nous attendons de lui qu’il fasse strictement respecter ses propres critères. Dans le cas contraire, il ne fera que du « greenwashing », au même titre que bon nombre d’autres labels. Mais il ne s’agirait là que d’une première étape. Le FSC dispose bel et bien d’un critère supposé protéger les forêts intactes mais celui-ci demeure incomplet et insuffisamment explicite. Oui, le FSC peut et doit faire beaucoup mieux. C’est pourquoi nous attendons avec impatience du changement. L’assemblée générale du label, programmée au mois de septembre à Séville, doit aller dans ce sens et déboucher sur des avancées significatives.

Le bassin du Congo aussi touché

La Russie n’est toutefois pas le seul endroit où le FSC a échoué. Le bassin du Congo abrite lui aussi des forêts intactes de toute beauté mais grandement menacées par une exploitation forestière illégale ou mal réglementée. Le FSC ne peut se permettre de blanchir de telles opérations et doit revoir, au plus vite, sa position.

Le « greenwashing » ne peut plus être toléré et le FSC mener à une exploitation et une gestion forestière durable. Sans quoi, on ne pourra parler que d’une simple « couverture écologique », incapable de contribuer à un véritable changement.

Continuez à nous suivre pour savoir quels choix fera le FSC… mais aussi si vous souhaitez nous aider pour faire en sorte que la Belgique évite toute entrée de bois illégal sur notre marché.