Les barrages construits dans la forêt amazonienne constituent une catastrophe pour les peuples autochtones, la biodiversité et le climat et nuisent par ailleurs à l’image de marque des entreprises qui participent à leur construction et à leur financement. Sans oublier qu'ils ne contribuent jamais autant au développement économique du Brésil qu'annoncé. 

Construction du barrage de Belo Monte

La forêt amazonienne est la plus vaste forêt tropicale au monde qui soit encore debout, mais elle recule chaque jour un peu plus. Et pendant ce temps, les profits des entreprises qui l’exploitent croissent chaque jour davantage. L’agriculture à grande échelle, l’élevage, la déforestation illégale et des projets d’infrastructures de toutes sortes y ont déjà détruit plus de 750 000 km², soit près de 2,5 fois la superficie de la Belgique.

Et voilà que de nouvelles menaces surgissent, cette fois dans le bassin hydrographique du Rio Tapajós, l’une des régions les mieux préservées de la forêt amazonienne, qui abrite un fabuleux trésor de biodiversité.

 Tapajos : qu’est-ce qui s’y trame ?

Le gouvernement brésilien prépare un gigantesque projet de construction de barrages pour le bassin hydrographique du Rio Tapajós : plus de 40 barrages, grands ou de taille moyenne, dont un mégabarrage de 7,6 km de large sur le Rio Tapajós. Ce barrage à lui tout seul inonderait une superficie égale à celle de la ville de New York et constitue une menace directe pour le peuple indigène des Mundurukus, qui vit sur les rives du Rio Tapajós depuis des siècles.

Mais ce barrage, le barrage São Luiz do Tapajós, ne menace pas que les communautés locales et les écosystèmes. Il représente aussi une menace pour le climat. La construction d’une structure de cette taille engendre déjà pas mal d’émissions de gaz à effet de serre en soi, auxquelles s’ajoutent les émissions de méthane liées à la décomposition de la végétation et du sol dans le réservoir du barrage. Comble de l’ironie, le réchauffement climatique fait baisser le débit du Tapajós et d’autres cours d’eau du bassin amazonien : les barrages n’y produiront donc jamais la quantité d’électricité prévue.

Ils font barrage au barrage!

Qui participera à la construction du barrage Tapajos ?

Une construction d’une telle ampleur nécessite un énorme investissement en capital et la technologie de nombreuses entreprises. Nous avons enquêté sur l’identité des entreprises qui tirent profit de ces projets destructeurs, et nous avons publié les résultats de notre enquête dans un nouveau rapport qui explique aussi les risques liés à la construction de barrages dans la forêt amazonienne.

Une de ces entreprises n’est autre que Tractebel Engineering, une valeur traditionnelle belge aux mains du groupe français ENGIE, à l’instar d’Electrabel. Tractebel ne confirme ni ne dément avoir des intérêts dans le barrage du Rio Tapajós, mais si elle prend au sérieux les engagements d’ENGIE envers les droits de l’homme et l’environnement, il ne lui sera pas bien difficile de tirer des conclusions en toute logique. Nous allons certainement encore une fois lui poser cette question !

Le barrage de Belo Monte sur le Rio Xingu, dont Tractebel Engineering a contribué à rendre la construction possible, attire l’attention de la communauté internationale depuis des années du fait de son impact catastrophique sur l’homme et l’environnement, mais également plus récemment parce qu’il a donné lieu au plus grand scandale de l’histoire du Brésil en matière de corruption, des entreprises ayant payé des sommes importantes à des politiciens pour pouvoir participer à ce projet.

Sont essentiellement concernées des entreprises du secteur énergétique qui veulent remporter de gros contrats, mais celles-ci ne peuvent construire de barrages sans l’expertise et la supervision d’entreprises telles que Tractebel Engineering, sans assurances, sans capitaux, ou sans turbines et générateurs de qualité.

Trois grandes entreprises fournissent la plupart de ces éléments essentiels aux barrages : la société américaine General Electric, puisqu’elle a récemment repris la société française Alstom ; Voith Hydro, qui se trouve en grande partie aux mains de la multinationale allemande Siemens ; et la société autrichienne Andritz.

À l’instar de Tractebel Engineering, ces entreprises n’ont pas encore rendu publiques leurs intentions. Mais d’autres, comme l’entreprise énergétique italienne Enel, ont déjà fait savoir qu’elles ne participeraient pas au projet du Rio Tapajós.

Que peut-on faire pour arrêter la construction de barrages en Amazonie ?

Les entreprises susceptibles de contribuer à la construction du barrage sur le Rio Tapajós sont disséminées dans le monde entier. Quant à l’impact de la destruction de la forêt amazonienne, il est lui aussi mondial. C’est pourquoi nous invitons les citoyens du monde entier à agir pour arrêter ce projet.

Le 13 avril, des activistes de Greenpeace se sont rendus au siège de Siemens, à Munich, pour dénoncer le risque d’implication de cette entreprise dans ce projet.

 

Il y a deux semaines, des activistes autrichiens ont fait de même lors de l’assemblée générale annuelle d’Andritz, accompagnés de représentants du peuple munduruku. Ces derniers ont demandé à cette entreprise de ne pas prendre part aux projets qui anéantiront leurs terres.

La manie du Brésil de construire des barrages dans la forêt amazonienne pour subvenir aux besoins énergétiques du pays est vouée à l’échec, tandis que quelques-uns s’enrichissent ce faisant.

C’est pourquoi il est important que vous participiez à notre action. Aidez-nous à sauver le Rio Tapajós.