Ils l’ont vue de leurs propres yeux. Et ont tous deux été éblouis par sa beauté. Aujourd'hui, Jean-Charles et Pierre ne comprennent pas que la Grande Barrière de corail puisse être menacée.

Demandez à Jean-Charles ce  qu’il pense de cette merveille naturelle, vous verrez rapidement des étoiles illuminer ses yeux. Demandez-lui pourquoi la Grande Barrière de corail doit être préservée des activités industrielles et plus particulièrement de l’expansion du charbon dans le Queensland. Il vous dira que sa beauté est bluffante ! Et vous fera replonger dans ce mois de février 2013, moment de sa rencontre avec le plus grand récif corallien du monde.



"On venait de passer la nuit sur la terrasse de notre auberge pour éviter la chaleur suffocante des chambres"
, se souvient Jean-Charles. "Avec mes compagnons de chambre, on s’est dit qu’on se devait d’aller visiter l’un des joyaux de notre planète. Cette journée restera à jamais gravée dans nos mémoires."

Sans voix

Une expérience unique qui débute par une heure de bateau. Juste le temps de se mettre en jambes, de se tartiner de crème et de préparer palmes, masque et tuba. "Une fois qu’on a vu les premiers coraux turquoises, c’était l’excitation. On nous a bien sûr demandé de faire preuve du plus grand respect pour les lieux, de ne rien jeter dans l’eau et de ne pas nourrir les poissons."

L’heure H avait enfin sonné. "On s’est retrouvé tous les trois à flotter sur l’une de ces magnifiques taches formées par le corail. L’un de nous partait sur la gauche, l’autre sur la droite, le spectacle était tout simplement magique. J’étais sans voix, fasciné par cette vie sous-marine en constant mouvement. Les poissons filaient, les coraux s’animaient autour de moi…", continue Jean-Charles.

"Quand quelqu’un s’éloignait un peu trop, les responsables du bateau sifflaient pour nous rappeler à l'ordre mais moi, je n’entendais rien, j'étais dans ma bulle. À un moment donné, j’ai même aperçu une tache grise en profondeur. ‘C’est un requin’, m’a crié mon ami Christophe. C’était juste incroyable. Je n'imagine pas qu'on puisse risquer de détruire un si bel endroit, qui a déjà tant souffert des changements climatiques..."

Un monde irréel

Pierre pourrait lui aussi vous raconter son histoire. A la différence près qu’il n’a pas visité la Grande Barrière une fois… mais deux. En 1992 tout d’abord, à l’époque où le récif corallien était en meilleure santé.

"Ma compagne et moi faisions un voyage en Australie. Nous avions prévu une étape au nord de Cairns pour vérifier ce que signifiait la promesse ‘Where the rainforest meets the reef’. Un petit bateau affrété par l’auberge de jeunesse du coin devait nous emmener vers un site de plongée et de snorkling qui en valait la peine. Quand j’ai vu la Grande Barrière pour la première fois, je n’en ai pas cru mes yeux. Tant de formes de vie et de couleurs rassemblées. J’avais l’impression d’être dans un monde irréel qui ne pouvait exister que sur des affiches publicitaires ou dans un film d’animation."

Un récif chatoyant. Du jaune, du bleu, de l’orange, des couleurs quasi fluorescentes. Des poissons aux formes variées, des anémones de mer, une eau tiède et transparente… "Sans oublier les bénitiers géants. Oui, comme dans nos églises mais là bien vivants et regorgeant de chair fluo."

Deux visites… une sacrée différence

Et cette deuxième visite dont on vous parlait quelques lignes plus haut ? Pierre l’a bel et bien faite, quinze ans plus tard, en famille. "Nous sommes retournés en Australie avec les enfants. Nous ne pouvions pas ne pas retourner à Cairns pour leur montrer la Grande Barrière de corail. Nous avions donc réservé une excursion vers un endroit plus éloigné de la côte."

Mais là, déception… Le changement climatique avait déjà fait une partie de son "œuvre"… "Où étaient les couleurs ? Et la multitude de poissons ? On s’était trompé d’endroit, ça ne pouvait être que ça. Au lieu de ça, on a découvert une Grande Barrière délavée, usée, blanchie, ternie, morne, déserte. Comme passée à l’eau de javel. Le même film vécu quinze ans plus tôt mais en version sépia. ‘Ah mais vous ne verrez plus ce que vous avez vu il y a 15 ans, le réchauffement climatique affecte les coraux’, nous a-t-on dit."

Une raison pour baisser les bras et accepter cette triste fatalité ? Pas pour Pierre, dont les souvenirs coralliens sont toujours intacts. "Aucun mot ne peut décrire la Grande Barrière de corail. C’est la plus belle chose que j’ai pu admirer. Mais cette deuxième visite m’a fait prendre conscience de la vitesse à laquelle cet endroit fabuleux se dégrade. 15 ans, c’est un battement de cil dans l’histoire. Qu’en sera-t-il dans 15 nouvelles années ? On doit absolument agir et la préserver."

Envie d'en savoir plus et de contribuer à la protection de la Grande Barrière de corail ? Continuez à nous suivre lors des prochaines semaines !