Quand j’ai proposé à Greenpeace de tenter un des parcours les plus difficiles et les plus rudes de Patagonie – une région réputée pour ses mauvaises conditions climatiques – en utilisant des vêtements sans PFC, j’avais quelques doutes. (Lisez notre blog du 11 septembre pour en savoir plus sur l'impact des PFC).

Ces produits allaient-ils être aussi efficaces que des vêtements en Gore-Tex ? Eh bien, il faut reconnaître que oui, et je suis extrêmement satisfait de leurs performances. Mais commençons par le commencement. Mon partenaire et moi-même avions surveillé les prévisions météo presque en permanence durant trois semaines, mais décembre ne devait pas être notre mois. Heureusement, une brèche de quatre jours de beau temps entre le trois et le sept janvier nous a donné notre chance de gravir la montagne.

Nous entamons l’approche de Laguna Torre et du camp de base de Niponino sous un vent intense. Après une marche de six heures à travers le glacier, nous prenons toutefois un peu de repos. Ici plus qu’ailleurs, les distances sont beaucoup plus grandes, et marcher 20 kilomètres rien que pour atteindre les montagnes est chose courante. Un équipement performant et fiable est crucial si le mauvais temps s’abat au cours d’une de ces approches. 

Au camp de base de Niponino, nous nous équipons avant d’attaquer à minuit le pied de la face occidentale du Cerro Torre (3 102 mètres). Une longue et difficile marche parmi les énormes crevasses du Glaciar Grande nous conduit au Col Standhardt et à une ascension de 1 200 mètres juste pour arriver au Circo De los Altares et à la base du parcours. Après quinze heures d’escalade, nous parvenons au pied de la paroi et au Col de la Esperanza. Nous nous creusons un abri dans la neige pour rester au chaud et en sécurité pendant la nuit. Nous faisons fondre notre eau et reprenons quelques forces après cette journée.

Greenpeace m’a prêté des vêtements sans PFC, qui jusqu’à présent ont très bien rempli leur rôle. Je suis heureux, encore sec et au chaud. Le matin du 5 janvier, nous abordons l’ascension du versant occidental, qui se dresse 850 mètres au-dessus de nous : la neige et d’incroyables formations de glace apparaissent comme des obstacles infranchissables. Pourtant, en 1974, une équipe italienne s’y était frayée un chemin. Nous marchons dans ses pas. Après une longue progression et une multitude de sections verticales glacées et couverte de neige instable, nous arrivons aux 50 derniers mètres du Cerro Torre. Le fameux « champignon ». C’est la partie la plus ardue de la montagne, un tronçon vertical enneigé dont l’escalade peut prendre jusqu’à cinq heures.

Je saisis mes piolets et me lance à l’attaque. Suit alors pendant près d’une heure une ascension épique, éprouvante et exposée au vent déchaîné et aux éléments, avant d’atteindre enfin le sommet de cette fascinante montagne. Le rêve de tout alpiniste. Nous profitons de l’instant, puis nous entamons une longue descente jusqu’à notre cavité aménagée dans la neige. Après vingt heures d’escalade, nous retrouvons l’abri et nous nous y reposons pour la nuit. Le 6 janvier est marqué par une marche de quatorze heures au travers du Hielo Continental, le troisième plus grand inlandsis au monde. Nous passons la nuit à son pied. Notre retour à El Chaltén, heureux et satisfaits, a lieu le 7 janvier.

Mon équipement a tenu toutes ses promesses et je suis ravi d’avoir gravi cette montagne sans l’aide de vêtements fabriqués avec des produits chimiques toxiques. La nature est notre mère et notre terrain de jeu. En tant qu’alpinistes, notre devoir est de la protéger. Merci à Greenpeace de m’y avoir aidé !

David Bacci, alpiniste italien