L’Alberta vient de faire un pas historique. Après avoir ignoré la question climatique pendant tant d’années, voilà que la province commence à entendre l’appel grandissant de la population en faveur d’actions concrètes de lutte aux changements climatiques.

La nouvelle est tombée hier, avec le dévoilement du plan climatique du gouvernement Notley qui a annoncé la mise en place d’un plafond sur les émissions des sables bitumineux. Autres annonces d’importance : la fermeture des centrales au charbon albertaines d’ici à 2030 et l’investissement massif dans les énergies renouvelables.

L’Alberta limitera donc ses émissions, diversifiera son économie, créera des emplois dans des secteurs plus sobres en carbone, et profitera de son énorme potentiel en énergies renouvelables.

C’est un premier pas important, mais beaucoup reste à faire. Par exemple, mettre en place une cible de réduction claire et ambitieuse afin que la province fasse sa juste part pour limiter le réchauffement planétaire à moins de 2°C, principale ambition de la COP 21 (21e Conférence des Nations Unies sur le climat qui se déroulera à Paris dès le 30 novembre).

Faire plus pour le climat et respecter les Premières Nations

Le gouvernement albertain doit définir des cibles de réduction des émissions à court et à long terme, car ces cibles lancent un signal aux entreprises et permettent de connaitre le chemin que la province compte emprunter. De plus, le gouvernement albertain doit s’assurer de respecter son engagement envers les droits des Premières Nations afin de garantir leur participation efficace et adéquate et obtenir leur consentement préalable et éclairé dans la mise en place et l’autorisation de nouveaux projets sur leurs territoires.

Avis aux investisseurs : la croissance infinie des sables bitumineux est révolue
En fixant un plafond à 100 millions de tonnes (MT) de CO2 par année (le niveau actuel est de 72 MT), le gouvernement de l’Alberta a enfin mis une limite à l’exploitation du pétrole sale. Une limite qui vient signer l’arrêt de l’expansion des sables bitumineux.

Il reste que les projets de mines de sables bitumineux déjà en cours de construction risquent de voir le jour. Nous devrons donc tout faire pour les bloquer. Ceci implique les projets de pipelines tels qu’Énergie Est de TransCanada, ou encore le transport par trains et par bateaux. Le seuil adopté pour les émissions issues des sables bitumineux reste donc insuffisant par rapport à celui recommandé par la science. Par conséquent, l’Alberta et les autres juridictions devront faire plus d’efforts.

Cette décision fait en sorte que 2 270 820 barils par jour (bpj) déjà approuvés resteront dans le sol. De plus, un total de 1 890 850 bpj en voie d’être approuvé ne verront pas le jour, auxquels s’ajoutent 1 923 000 bpj supplémentaires que les entreprises voulaient développer. Au total, c’est donc 6 179 850 barils par jour de pétrole bitumineux qui resteront dans le sol grâce à cette décision. Cela représente 154,07 millions de tonnes de CO2 par année qui ne seront pas émises dans l’atmosphère !

 

Cette annonce de l’Alberta envoie ègalement un message aux autres provinces. Le gouvernement Couillard a maintenant le devoir de rejeter le projet Energie Est de TransCanada qui est totalement incompatible avec les objectifs climatiques qui seront débattus lors de la COP 21 à Paris.

Le 29 novembre prochain, à la veille de cette conférence, nous serons d’ailleurs à Ottawa pour envoyer un message clair à tous les paliers de gouvernements : une économie basée à 100% sur les énergies renouvelables est non seulement nécessaire mais 100% possible. Rejoignez-nous !