Forêts : bientôt une décision cruciale de l’Union Européenne ?

Actualité - février 19, 2018
Vous n'en avez sans doute pas entendu parler, mais l'Union européenne est sur le point de prendre une décision cruciale qui aura un impact considérable sur les forêts du monde. L'idée d'un plan d'action sur la déforestation et la dégradation des forêts est en discussion depuis plusieurs années et l'échéance approche à grand pas. L'UE va-t-elle faire le bon choix ? Va-t-elle finalement élaborer ce plan et choisir d’arrêter de contribuer à la déforestation ... ou enterrer l'idée ? La décision est imminente.

L’Europe importe massivement des produits qui contribuent à la destruction des trois grands bassins de forêt tropicale du monde, l’Amazonie, l’Asie du sud-est et le bassin du Congo, notamment pour la production d’huile de palme ou de soja.

L’Europe contribue lourdement à la déforestation

L’UE  s'est engagé à mettre un terme à la déforestation d’ici 2020. Mettre un terme à cette déforestation, c’est aussi protéger notre climat et notre biodiversité et veiller à ce que les droits humains, y compris les droits des peuples autochtones, soient respectés.

Ces promesses vont elles être tenues ? Rien n’est moins sûr.

Les importations européennes doivent cesser d’alimenter la déforestation

La déforestation et la dégradation des forêts sont la principale cause de la dégradation et de la perte de la biodiversité terrestre. La destruction des forêts libère chaque année des millions de tonnes de gaz à effet de serre qui bouleversent le climat. Des centaines de millions de personnes dans le monde dépendent directement ou indirectement des forêts pour leur subsistance quotidienne et leur survie à long terme. Pourtant, les forêts continuent de disparaître à un rythme alarmant.

Au cours des dernières décennies, l’Europe a alimenté la destruction et la dégradation de vastes régions forestières de la planète. Les coupables sont clairement identifiés : une forte consommation de viande et de produits laitiers, des importations non régulées de produits liés à la déforestation tels que le soja, l’huile de palme et le cacao, mais également un soutien financier apporté par les banques aux entreprises et aux secteurs responsables de la perte et de la dégradation des forêts, ainsi qu’un essor de la demande en agrocarburants et de bioénergie.

Décision imminente : l’UE fera-t-elle le bon choix ?

Longtemps retardée, la décision de la Commission européenne est désormais imminente : Ces problèmes sont connus depuis longtemps. En 2013, les gouvernements nationaux européens et le Parlement européen ont demandé à la Commission européenne d’élaborer des propositions relatives à la politique à mener, et de considérer le développement d’un plan d’action contre la déforestation et la dégradation des forêts. En 2015, lors de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique à Paris, les dirigeants mondiaux ont reconnu le rôle crucial des forêts dans l’atténuation du changement climatique et le développement durable.

Protéger les forêts n’est pas un choix, c’est une absolue nécessité

L’UE doit maintenant agir rapidement pour que sa consommation ne conduise plus à la destruction des forêts:

Une étude a été commandée par la Commission européenne pour évaluer les actions envisageables et leur faisabilité. Longtemps différée, cette étude est supposée être rendue publique très bientôt. Dans un courrier daté du 10 Janvier, le Premier Vice Président, Frans Timmermans, et le Vice Président, Jyrki Katainen, nous ont informés que la Commission prendrait “une décision sur une possible initiative sur la déforestation dans les semaines à venir”. C’est à dire maintenant !  

Greenpeace demande à la Commission européenne de s’engager à élaborer un plan d’action ambitieux et à prendre toutes les mesures nécessaires, y compris l’adoption de nouvelles régulations, pour éliminer la déforestation de ses chaînes d’approvisionnement, endiguer la masse monétaire qui alimente la destruction des forêts, et rediriger les flux financiers vers la protection et la restauration des forêts et la mise en place de pratiques agricoles écologiques. En tant que grand marché de consommation, puissance commerciale et plaque tournante de la finance internationale, l’Union européenne a les moyens et donc la responsabilité de faire la différence pour mettre fin et à la déforestation.

Article Source: Greenpeace France