Pas (encore) de transparence électrique

Communiqués de presse - juillet 10, 2007
La nouvelle loi relative à l’organisation du marché de l’électricité, sur laquelle les membres de la chambre des députés vont voter demain après-midi, ne renseignera pas suffisamment les citoyens sur l’origine de l’électricité qu’ils consomment et contrairement aux déclarations, notamment du premier Ministre, ne garantira pas la transparence sur l’électricité consommée au Luxembourg.

Eoliennes près de Dahme, en Allemagne.

Bien que la proposition de loi précise dans son article 50 que les fournisseurs d'électricité doivent spécifier dans leurs documents promotionnels, sur leur site Internet et dans les factures destinés aux clients la contribution de chaque source d'énergie à la totalité des sources d'énergie utilisées par le fournisseur au cours de l'année écoulée et des informations concernant l'incidence sur l'environnement, au moins en termes d'émissions de CO2 et de déchets radioactifs résultant de la production d'électricité à partir de la totalité des sources d'énergie utilisées par le fournisseur au cours de l'année écoulée, il n'y aura pas de règlement grand-ducal qui précisera la manière dont ces informations doivent être publiées.  

Greenpeace avait appelé les membres de la commission parlementaire et le gouvernement à publier un tel règlement grand-ducal lors de l'introduction de la proposition de la nouvelle loi dans la chambre des députés, car les expériences dans d'autres pays européens ont démontré que sans précisions sur l'étiquetage de l'électricité, les consommateurs ne vont pas être informés  correctement et en détail sur l'incidence sur l'environnement de l'électricité qu'ils consomment. En laissant la liberté aux distributeurs d'électricité de la façon dont ils vont communiquer les  informations sur les incidences environnementales, les consommateurs vont se retrouver dans l'impossibilité de comparer de manière efficace les différents produits offerts au Luxembourg. Avec une information détaillée et complète sur l'électricité, les consommateurs pourraient tourner le dos aux fournisseurs de l'énergie nuisible au climat et opter pour un fournisseur ou un produit qui contribue à la protection du climat.

Par ailleurs, le chapitre sur les tâches de surveillance de la nouvelle loi sur le marché de l'électricité montre également que le gouvernement et les membres de la commission de l'économie et  de l'énergie s'opposent à une plus grande transparence sur le marché de l'électricité. Bien que les fournisseurs doivent transmettre annuellement au régulateur les sources d'approvisionnement de l'énergie électrique fournie aux clients ainsi que le volume d'énergie électrique fournie. Ces données qui seront mises à la disposition du ministre et du commissaire du gouvernement à l'énergie doivent être considérées comme confidentielles dans le cas où ces données permettent d'identifier  une entreprise déterminée.  

«D'un côté le gouvernement se déclare en faveur de plus de transparence et parle du devoir d'information de l'Etat et de l'accès des citoyens aux documents administratifs, et de l'autre côté les responsables politiques proposent des lois qui sont contraires à ces principes», a déclaré Roger Spautz de Greenpeace Luxembourg. «Avec cette loi, les grands pollueurs seront protégés par l'Etat, le gouvernement ne voulant pas informer le public sur l'impact environnemental de l'électricité consommée par les grandes industries».  

Greenpeace lance un dernier appel aux membres de la chambre des députés de ne pas accepter la loi sur l'organisation du marché de l'électricité dans sa forme actuelle. Greenpeace attend des députés qu'ils s'engagent pour plus de transparence.

Mise à jour du 12 juillet:

Après avoir adopté la loi, les membres de la Chambre des Députés ont voté la motion suivante:

La Chambre des Députés,

(...)

Concernant l'importance de l'étiquetage de l'électricité et du gaz en fonction de leurs sources d'énergie primaire, permettant aux clients finals de choisir leur fourniture d'énergie en parfaite transparence et connaissance de cause;

(...)

Invite le Gouvernement

A élaborer les règlements d'exécution prévus aux articles susmentionnés dans les meilleurs délais afin d'en assurer la mise en vigueur pour le 1er janvier 2008.

Greenpeace salue cette motion et va analyser la proposition du Ministre du commerce extérieur afin que les consommateurs seront informés de manière adéquate sur l'impact environnemental de l'énergie qu'ils consomment.