Un bref épisode pluvieux en Indonésie a réduit le nombre de foyers d’incendie projetant des fumées toxiques sur tout le pays… pour le moment. Voici quatre façons de résoudre le problème des brouillards toxiques (#StoptheHaze)… pour toujours.
Vous aussi vous pouvez contribuer à mettre fin au brouillard une fois pour toutes (#StoptheHaze) ? Agissez en signant ici.
Une fille de 13 ans porte son frère de 7 mois qui souffre d’une infection des voies respiratoires
Cette situation a été qualifiée de “crime contre l’humanité”, de “pire crime environnemental du 21e siècle” et, avec plus de pertinence encore, de “pire crise climatique que le monde connaît en ce moment”.
Depuis le mois d’août, des forêts sont incendiées pour faire place à de nouvelles cultures. Cette pratique existe depuis des décennies. Mais cette année, à cause de la sécheresse extrême provoquée par El Niño, les fumées toxiques se propagent et persistent. La situation est plus grave encore, parce que près de la moitié de ces feux sévissent dans des tourbières qui sont des réserves de carbone majeures sur le plan mondial. Ces derniers jours, le taux d’émission de carbone des feux indonésiens a dépassé celui de l’ensemble de l’économie des États-Unis.
La courte pluie de la semaine dernière à Sumatra et au Kalimantan a apporté une légère amélioration, mais la crise est loin d’être terminée. Les feux et les fumées perdureront tant que les entreprises détruiront les forêts et assécheront les tourbières, et tant que le gouvernement ne fera pas respecter ses politiques. Voici comment nous pouvons arrêter une fois pour toutes cette catastrophe dévastatrice.
L’armée aide à éteindre une tourbière en feu
1. Stopper IMMÉDIATEMENT la déforestation !
C’est un fait : mettre fin à la destruction des forêts est l’une des façons les plus aisées et les moins coûteuses d’empêcher un changement climatique catastrophique. On estime le coût du brouillard de fumée pour l’économie indonésienne à 14 milliards d’USD.
Tous les fournisseurs de produits agricoles de base doivent immédiatement stopper la déforestation, ainsi que toute nouvelle extension dans les tourbières. Ils doivent être contrôlés et rendre des comptes pour toute activité potentiellement dangereuse ou illégale.
Un couple surveille sa plantation de caoutchoutiers pour vérifier qu’elle n’est pas gagnée par le feu
2. Réhumidifier, restaurer, régénérer
L’année dernière, le Président Jokowi s’est engagé à protéger les tourbières et a montré sa solidarité en obstruant un canal pour empêcher l’assèchement d’une tourbière boisée à Sumatra. Depuis, la région n’a pratiquement plus connu de feux saisonniers. La semaine dernière, il a réitéré son engagement en appelant à un moratoire sur l’attribution de concessions d’exploitation de tourbières, après que dix personnes au moins sont décédées des suites de maladies respiratoires causées par les fumées. Il est grand temps que le Président Jokowi tienne sa promesse.
La réhumidification des zones critiques dans les tourbières et la mise en œuvre de nouvelles mesures de gestion des eaux peuvent réduire significativement le risque d’incendie. C’est une solution que Greenpeace préconise depuis des années.
Des pompiers combattent l’incendie d’une tourbière
3. Nous savons ce que vous avez fait l’été dernier… et nous avons des cartes pour le prouver
Les chercheurs de Greenpeace ont étudié 112 000 foyers d’incendie recensés entre le 1er août et le 26 octobre 2015. Ils ont pu constater que 40 % de ces feux avaient sévi au sein de concessions répertoriées, c’est-à-dire de terrains cédés à des entreprises par le gouvernement indonésien pour l’exploitation forestière ou l’agriculture.
Bien que de très nombreuses concessions figurent sur la cartographie des foyers, notre étude montre que l’entreprise la plus fréquemment associée à ces feux est Asia Pulp & Paper.
Ce n’est pas une surprise. Tout d’abord, cette entreprise est la plus grande concessionnaire d’Indonésie, et elle possède une tradition de déforestation. Ensuite, c’est la seule entreprise qui a publié des cartes précises de ses concessions et de celles de ses fournisseurs.
Toutefois, le gouvernement a récemment rejeté la demande de Greenpeace de divulguer les cartes des concessions les plus récentes à des fins d’analyse. D’autres entreprises n’ont publié que très peu d’informations à propos de leurs propriétés foncières et des concessions qui les fournissent, ce qui les rend suspectes : qu’ont-elles à cacher ?
Un calao dans le feuillage saturé d’épaisses fumées
4. Combattre le feu… en travaillant main dans la main
La seule manière d’arrêter ces incendies est de mettre fin à la déforestation. Greenpeace exhorte les entreprises produisant du papier ou de l’huile de palme à s’unir pour faire respecter un moratoire strict sur la déforestation et l’assèchement des tourbières en Indonésie. Les entreprises peuvent concrétiser cette vision. En effet, si les grandes entreprises ont la capacité de détruire les forêts du monde, elles doivent également pouvoir les sauver.
Bustar Maitar est Chef de campagne Forêts indonésiennes chez Greenpeace Asie du Sud-Est.