Eaux profondes : la nécessité d’interdire le chalutage de fond en dessous de 600m de profondeur dans l’UE confirmée par une étude novatrice.

La Présidence luxembourgeoise peut agir

Communiqués de presse - septembre 2, 2015
Luxembourg le 2 septembre 2015 – Alors que les responsables politiques se rencontrent cette semaine pour discuter d’un nouveau texte législatif de l’UE relatif à la gestion des pêcheries d’eau profonde, une récente étude scientifique apporte une solution pragmatique destinée à protéger un des environnements les plus vulnérables de la planète.

Basé sur une analyse des captures effectuées par des chalutiers de recherche dans les eaux profondes de l’Atlantique nord-est, l’article « A Scientific Basis for Regulating Deep-Sea Fishing by Depth»[1] publié dans Current Biology se concentre sur la pêche commerciale au chalut de fond pratiquée au-delà de 600 mètres de profondeur dans l’Atlantique nord-est et en tire les conclusions suivantes :

 
  •  le nombre d’espèces capturées augmente considérablement étant donné que, plus on descend en profondeur, plus la diversité des espèces de poissons est importante ;

  •  les taux de prises accessoires et de rejets risquent par conséquent d’augmenter de façon spectaculaire ;

  •  les captures d’espèces particulièrement vulnérables de requins et de raies augmentent elles aussi fortement en dessous de 600 mètres de profondeur ;

  •  la valeur commerciale totale de ces captures est en baisse.

Les auteurs concluent que « la limitation du chalutage de fond à une profondeur maximale de 600m pourrait constituer une stratégie de gestion efficace et conforme aux contraintes des législations européennes ».

La Commission européenne a publié en juillet 2012 une proposition destinée à remplacer le règlement actuellement inefficace sur la pêche en eau profonde dans l’Atlantique nord-est. Les 28 ministres de la pêche de l’UE doivent encore adopter une position, alors que le Parlement européen s’est prononcé sur le nouveau règlement en décembre 2013. Le Luxembourg, qui occupe actuellement la présidence de l’UE, a indiqué vouloir donner la priorité à la négociation d’une position du Conseil sur ce texte. Les discussions sont censées reprendre en septembre sur un projet de texte qui prévoit une profondeur limite en dessous de laquelle le chalutage de fond et l’utilisation de filets maillants de fond seraient interdits.

Dans le cadre de la présidence Luxembourgeoise, Greenpeace encourage Monsieur le Ministre F.Etgen à continuer dans sa démarche favorable et s’appuyer sur les recommandations de la Deep Sea Conservation Coalition[2] pour avancer dans les négociations avec ses confrères des pays voisins.

Outre l’élimination progressive de la pêche au chalut et au filet maillant de fond en dessous de 600m de profondeur, Greenpeace - au sein de la DSCC - appelle ainsi les États membres de l’UE  protéger les écosystèmes d’eau profonde associés aux fonds marins et garantir des pêcheries durables en prenant les mesures suivantes :

 
  • imposer l’évaluation des impacts sur l’environnement pour toutes les pêcheries d’eau profonde;

  • s’assurer que la priorité est donnée à des engins de pêche peu nocifs et durables sur le plan environnemental ;

  • interdire la pêche de fond dans des zones où des écosystèmes marins vulnérables, tels les coraux ou éponges d’eau profonde, se trouvent ou sont susceptibles de se trouver;

  • améliorer la gestion des captures et des prises accessoires des espèces d’eau profonde.

« L’étude, tout à fait pertinente dans le contexte actuel, montre clairement les avantages qu’il y aurait à limiter le chalutage profond en vue de conserver les stocks de poissons et la biodiversité, d’éviter l’appauvrissement d’espèces d’eau profonde très vulnérables et de protéger les habitats d’eau profonde. Les décideurs politiques doivent tenir compte des recherches scientifiques et décider d’interdire le chalutage de fond dans les zones situées en dessous de 600 mètres de profondeur », estime Matthew Gianni, cofondateur et conseiller politique de la Deep Sea Conservation Coalition. « Les bénéfices pour l’environnement dépassent largement les coûts économiques. Lorsque les représentants des États membres se rencontreront cette semaine à Bruxelles, ils auront le devoir, par respect envers les citoyens de l’Union européenne, de soutenir des mesures visant à protéger une grande partie des océans qui bordent l’Europe. »

 

 

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Contact :

Roger Spautz, chargé de  campagne, Greenpeace Luxembourg : / +352 621 233 361

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[1] Trad. « Fondement scientifique pour une réglementation de la pêche en eau profonde en fonction de la profondeur ». Le rapport a été publié le 27 août 2015. Il peut être consulté librement sur http://dx.doi.org/10.1016/j.cub.2015.07.070

[2] La Deep Sea Conservation Coalition est composée de plus de 70 organisations non gouvernementales, organisations de pêcheurs, et instituts politiques et juridiques, tous engagés dans la protection des eaux profondes, dont Greenpeace.