Le 5 août 2014, alors que plusieurs centrales nucléaires françaises et belges étaient fréquemment survolées par des avions télécommandés ou des drones non identifiés, des inconnus réussissaient à commettre un acte de sabotage dans la salle des turbines de Doel 4. Les dommages furent si importants que le réacteur a dû être fermé pendant plus de quatre mois. Le coût des réparations s’est élevé à 138 millions d’euros.

Greenpeace action in Tihangephoto by Nick Hannes

Dans un pays où les centrales nucléaires sont situées dans des zones très densément peuplées, c’est on ne peut plus inquiétant. Plus grave encore, près de trois ans plus tard, l’enquête judiciaire a été close sans avoir pu identifier les auteurs des faits. Les seules certitudes dont on dispose, c’est que les coupables appartiennent au personnel d’Engie Electrabel et qu’ils devaient être plusieurs.

Comment tout cela a-t-il pu arriver ?

Il ne s’agissait pas d’un acte impulsif d’un employé frustré. Le sabotage a été planifié et bien préparé. Les auteurs de ces actes disposaient de badges de sécurité leur permettant d’accéder aux zones sensibles de la centrale. Ils connaissaient les bâtiments et les installations techniques et savaient exactement quel levier manipuler. Ils disposaient de tout le matériel nécessaire pour arriver à leurs fins. Ils savaient très bien ce qu’ils faisaient et quelles seraient les conséquences de leur sabotage.

Nos centrales nucléaires ne sont-elles pas correctement surveillées ? Le jour de l’événement, 65 membres du personnel ont pénétré dans la salle des turbines. Les services judiciaires les ont toutes longuement interrogées. En janvier 2015, le nombre de suspects a été « réduit » à 35. À la fin de l’enquête, 12 noms restaient sur la liste des suspects. Comme l’enquête n’a rien donné, il a même été envisagé (et ce n’est pas une blague belge) de soumettre les suspects restants au détecteur de mensonges.

Une protection adéquate contre ce type de sabotage est impossible. Cette fois, les coupables se sont heureusement limités à saboter un élément de la partie non nucléaire de la centrale, mais qu’en sera-t-il la prochaine fois ? Le 12 septembre, Greenpeace a eu une conversation avec Thierry Saegeman, directeur des activités nucléaires d’Engie Electrabel. Il a confirmé qu’il était tout à fait possible que les auteurs de ces actes puissent encore circuler dans la centrale nucléaire. 

Transparence

Greenpeace veut que l’on fasse preuve de transparence avec les résultats de l’enquête. Plus de trois ans après les faits, on ne peut plus se réfugier derrière le secret de l’instruction. Les risques sont beaucoup trop importants, et ces éléments doivent faire partie intégrante du débat social et politique sur l’opportunité de construire des centrales nucléaires dans les pays à forte densité de population.