Ne mettons pas le sport et le sponsor dans le même sac !

Actualité - août 26, 2013
Billet de Kumi Naidoo

A l’instar du mouvement Save the Arctic, les fans de Grands Prix brillent par leurs différences. Je suis bien placé pour le savoir – j’étais un grand fan de sport automobile. Est-ce possible ? Peut-on être à la fois militant de longue date pour l’environnement et la justice sociale et être secrètement fan de F1 ?

J’aime l’idée que tout est possible et que des points a priori antithétiques peuvent se rejoindre. Aussi, je parierai volontiers qu’il y a aujourd’hui pas mal de défenseurs de l’environnement sur les tribunes de la F1, tout comme il doit y avoir pas mal de fans de F1 parmi les supporters de Greenpeace !

Mon penchant pour la F1 remonte à mes années d’unif. J’avais une copine qui était hyper fan. Se lever à 2h du mat pour regarder un Grand Prix ne l’effrayait pas ! Elle adorait ça. Et, j’avoue qu’il n’a pas fallu longtemps avant qu’elle ne me passe le virus.

Ainsi, je peux très certainement respecter l’esprit sportif et la quête d’innovation qui sont à l’honneur lors d’un Grand Prix de F1.

Par contre, je n’ai aucun respect pour le sponsor de l’événement et certainement pas pour ce que Shell trafique en Arctique.

Sans gage de succès, Shell a pris la pole position dans la course pour mettre la main sur les réserves d’hydrocarbures cachées dans les coins les plus improbables de la planète. Ce fut le cas dans mon pays, en Afrique du Sud ; dans le delta du Niger ou encore au Canada où les populations autochtones ont payé le prix fort de l’exploration pétrolière entreprise dans les sables bitumineux. Et voilà maintenant qu’ils remettent le couvert en Arctique !

Alors que Shell tente de négocier un virage en épingle à cheveux avec des mauvais freins, nous menons une course bien plus importante. Notre objectif est de protéger le pôle Nord et de le préserver des conséquences désastreuses pour cet écosystème unique.

N’importe quel pilote sait qu’une tâche d’huile peut se révéler catastrophique alors quelles seraient les conséquences d’une marée noire en Arctique ? Les scientifiques n’arrêtent pas d’attirer l’attention sur ce qui se passe actuellement en Arctique. Avec le réchauffement planétaire, la fonte des glaces s’accentue. Shell et d’autres compagnies pétrolières sont sur les starkings blocks pour pomper plus de pétrole encore. Ce pétrole qui accentuera, à son tour, le réchauffement planétaire. C’est un cercle vicieux, pétri de folie et d’appât du gain. Et si, nous n’y prenons pas garde, nous n’arriverons plus à l’arrêter.

Toute la vie sur terre dépend de ce qui se passe en Arctique, de la façon dont nous stabiliserons les changements climatiques pour permettre au pôle Nord de continuer à remplir son rôle : refléter les rayons solaires dans l’atmosphère.

C’est pourquoi, ces derniers mois, près de quatre millions de personnes originaires des quatre coins de la planète ont mis en branle un vaste mouvement pour sauver l’Arctique et tenir tête aux compagnies pétrolières qui cherchent à se tailler une part du gâteau arctique.

Tout cela ne rend pas Shell digne de figurer sur les plus hautes marches du podium. Ensemble, nous pouvons faire en sorte que la vérité éclate sur les activités peu reluisantes de cette compagnie pétrolière et lui demander d’abandonner ses plans.

Rejoignez-nous, dites à Shell que l’Arctique n’est pas à vendre. Si nous nous y mettons tous, nous pourrons sauver l’Arctique et éviter d’aggraver la crise climatique : Save the Arctic

Kumi Naidoo
Directeur de Greenpeace International