Première saisie de bois illégal en Europe

Actualité - décembre 6, 2013
Alertée par Greenpeace, l'Allemagne a montré la voie à suivre en saisissant du bois illégal provenant du Congo. Un signal fort pour Greenpeace, qui redemande aux autorités belges d’appliquer le Règlement Bois de l’Union Européenne de manière aussi conséquente.



Pour la première fois depuis l’entrée en vigueur du nouveau règlement européen sur le bois (3 mars 2013), les autorités ont confisqué du bois illégal venant du Congo (RDC). Deux cargaisons, arrivées en Allemagne après une halte au port d’Anvers, ont ainsi été saisies. Greenpeace, qui a alerté les autorités dans cette affaire, attend que d’autres pays européens suivent l’exemple allemand.

"Cette saisie lance un signal fort à toutes les entreprises d’exploitation forestière du bassin du Congo ainsi qu’à leurs clients européens afin qu’ils évitent toute pratique commerciale frauduleuse", dit Philippe Verbelen, expert et chargé de campagne forêts pour Greenpeace.

Maintenant que l’Allemagne a montré la voie à suivre, Greenpeace redemande aux autorités belges d’appliquer le Règlement Bois de l’Union Européenne de manière aussi conséquente. Plus tôt cette année, l’organisation environnementale avait déjà attiré l’attention des autorités sur l’arrivage d’une cargaison de bois congolais illégal destinée au marché belge. Celle-ci avait pourtant été libérée, malgré l’absence de preuves concluantes sur sa légalité.

Du wengé passé par Anvers

Originaire de Bakri Bois Corporation, une société d’exploitation forestière dirigée par un homme d’affaires libanais actif au Congo, ce wengé très précieux était destiné à l’entreprise suisse Bois d’Afrique Mondiale. Il avait transité par le port d’Anvers, avant, finalement, d’être mis sur le marché européen via différents commerçants de bois allemands.

Au mois d’août, les autorités allemandes – alertées par Greenpeace - avaient confisqué une partie de la cargaison dans le nord du pays, près de la ville de Gütersloh. Avant de saisir définitivement le bois en novembre. Selon le quotidien allemand Der Spiegel, l’entreprise Holz-Schnettler Soest serait impliquée dans cette affaire.

“Les autorités ne peuvent plus fermer les yeux. L’exploitation forestière illégale et destructrice doit cesser. Il en va de l’avenir des forêts et de millions de personnes qui en dépendent. Aucune écharde de bois illégal ne devrait se retrouver sur le marché européen", explique Raoul Monsembula, coordinateur national RDC, Greenpeace Afrique.

Rappelons encore que les grumes du bois confisqué avaient été abattues par  Bakri Bois Corporation sous un permis d’exploitation illégal, ce qui a été soulevé à plusieurs reprises par l’organisation britannique « Resources Extraction Monitoring » (REM) et retenu par l’Union Européenne en tant qu’observateurs indépendants officiellement reconnus du secteur forestier congolais. Le contenu du rapport de REM (1), qui révélait les activités illégales de Bakri Bois Corporation, a été approuvé par les autorités congolaises. Des autorités qui n’ont toutefois pas empêché l’export des grumes de BBC.

Note :
(1) Une enquête de terrain, menée par Greenpeace et l’organisation britannique Global Witness, a également permis de recueillir davantage d’informations sur les activités de Bakri Bois Corporation. Consultez le rapport ici.

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