Sables bitumineux : lettre de huit Prix Nobel de la Paix au Premier ministre Jean-Claude Juncker

Actualité - février 21, 2012
Huit Prix Nobel de la Paix ont écrit aux chefs d’États européens et aux ministres de l’Environnement les exhortant de s’attaquer aux carburants les plus polluants, tels que les sables bitumineux.

Sables bitumineux de l'Alberta au Canada.

Dans leur lettre du 15 février, les huit Prix Nobel de la Paix interpellent le Premier ministre Jean-Claude Juncker :

"Nous vous écrivons aujourd’hui pour vous demander de faire le bon choix pour notre environnement, en soutenant les efforts de la Commission européenne pour maintenir les sables bitumineux très polluants hors d’Europe".

Le 23 février, les États membres de l’UE vont voter sur une proposition de la Commission européenne qui règle les modalités de mise en œuvre de la directive sur la qualité des carburants. Cette réglementation pourrait être un frein important à l’importation des carburants très polluants en Europe et surtout constituer un précédent pour d’autres législations dans le reste du monde. C'est la raison pour laquelle les Nobel soutiennent les efforts de la Commission et exhortent les États membres à suivre la proposition de celle-ci.

La proposition de la Commission européenne est menacée par le lobbying du gouvernement canadien et des compagnies pétrolières qui exercent une pression sans précédent contre cette législation. En effet, c’est au Canada que se trouvent les principaux projets d’exploitation des sables bitumineux.

Le pétrole le plus « sale » au monde

Alors que nous avons les yeux rivés sur les marées noires quand elles surviennent, un autre drame environnemental se déroule plus au Nord, l’extraction des sables bitumineux d’Alberta, au Canada.
L'exploitation minière des sables bitumineux au Canada est considérée comme le plus grand projet industriel sur la planète. Si l’extraction de ces sables semble à première vue moins choquante qu’une nappe d’hydrocarbures dans nos océans, cette exploitation a également des conséquences dramatiques pour l’environnement, le climat et les populations autochtones.
Lacs toxiques, camions géants énergivores, rivière transformée en égout industriel, forêts rasées … les sables bitumineux ressemblent à l’enfer d’un point de vue écologique. C’est que le bitume, englué dans la glaise et le sable sous les forêts du nord de l’Alberta, ne s'extrait pas facilement. Il faut aller le chercher au prix de techniques coûteuses, dangereuses pour la santé des Premières Nations vivants sur ces territoires, et extrêmement polluantes.

Exploiter les sables bitumineux est la façon la plus sale, la plus chère et la plus énergivore de produire du pétrole. La production d’un baril issu de ces sables nécessite cinq barils d’eau, un demi baril de gaz et émet jusqu’à cinq fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que le pétrole conventionnel. Les efforts internationaux pour protéger le climat risquent d’être totalement sapés si l’exploitation des sables se poursuit.

Greenpeace demande au gouvernement canadien et aux compagnies pétrolières comme Shell, BP, ExxonMobil,Total ou Suncor de cesser le déploiement du pétrole le plus sale du monde.