Lettre de Greenpeace à Xavier Bettel dans le cadre de la visite de François Hollande

"Loi de la transition énergétique": Un élément clé pour la fermeture de centrales nucléaires

Communiqués de presse - mars 4, 2015

Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le ministre d’Etat,

 

 

Le vendredi 6 mars 2015, le Président français Monsieur François Hollande sera en visite d’état au Luxembourg, ce qui vous donnera l’occasion d’évoquer les risques liés à la centrale nucléaire de Cattenom. Par la présente nous aimerions vous exposer notre position sur l’avancement des discussions sur la loi de transition énergétique en France, qui sera la base pour la fermeture de centrales nucléaires et la non-prolongation de leur durée de vie.

 

A l’automne 2014, les députés socialistes et leurs alliés ont adopté à la quasi-unanimité un texte de loi conçu dans l’esprit de consensus issu du Débat National sur la Transition Energétique. Ce texte, fondé sur l’équilibre des objectifs fixés par le Président de la République, a recueilli l’adhésion d’un large nombre de syndicats, d’entreprises, de collectivités, d’élus locaux et régionaux et d’associations de protection de l’environnement.

 

Les Sénateurs ont voté cette semaine un texte qui remet profondément en cause cet équilibre et les engagements du Président de la République. Outre la remise en cause du point de passage à 2030 pour l’objectif d’efficacité énergétique, les sénateurs ont voté le retrait de l'échéance de 2025 pour la réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique et le relèvement du plafonnement de la capacité nucléaire installée à 64,85GW. Ces engagements du Président de la République, annoncés il y a près de trois ans et maintes fois répétés depuis, sont structurants pour l’évolution du modèle énergétique et industriel français et indispensables au rééquilibrage du mix électrique. 

 

Au-delà de la rupture du large consensus autour du projet de transition énergétique, le texte voté au Sénat, s’il devait être mis en application aurait des conséquences politiques très négatives sur la transition énergétique à court et moyen terme.

 

A court terme, le renvoi de l’échéance de réduction de la part du nucléaire au-delà de 2025 met un terme à la relance du développement des énergies renouvelables électrique en France. L’échéance 2025 de réduction de la part du nucléaire à 50%, permettra de fixer le cap pour l’ensemble des partenaires économiques du secteur des énergies renouvelables, et d’atteindre les volumes nécessaires.

 

A moyen terme, c’est l’équilibre économique du système énergétique qui est en jeu. Retarder de cinq ans l’échéance fixée dans la loi pour réduire la part du nucléaire conduirait à de très lourds investissements sur les réacteurs nucléaires en amont du passage à 40 ans d’exploitation. Ces investissements, que l’opérateur souhaitera rentabiliser sur 10 ans au moins, verrouilleraient le système électrique français.

 

Le rendez-vous des 40 ans d’exploitation, installé dans le texte voté à l’Assemblée Nationale, permet en effet de se poser la question du bon investissement : prolonger ou remplacer par des économies d’énergies et des énergies renouvelables. La logique économique, dès aujourd’hui, conduit au choix du remplacement par les énergies renouvelables pour garantir une électricité moins chères.

 

Par ailleurs, l’Autorité de Sureté Nucléaire rappelle d’une part que la prolongation au-delà de 40 ans de l’exploitation des réacteurs n’est pas garantie et sera étudiée au cas par cas. Elle encourage également la France à se préparer à l’éventualité d’une fermeture pour cause de défaut générique de plusieurs réacteurs.

 

Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le ministre d’Etat, nous vous invitions à demander au Président français de s’engager dans le cadre des arbitrages à venir dans la perspective de la Commission mixte paritaire du 10 mars prochain, afin de maintenir les objectifs inscrits dans le texte initial de la loi de transition énergétique, en refusant tout texte qui reviendrait sur les objectifs de réduction de la part du nucléaire. Comme mentionné au début de ma lettre, l’échéance de 2025 de réduction de la part du nucléaire à 50% sera un élément clé pour la fermeture de la centrale nucléaire de Cattenom.

 

En vous remerciant de votre attention, je vous prie, Monsieur le Premier Ministre, Monsieur le ministre d’Etat, de recevoir l’expression de mes salutations les meilleures.

 

Pour Greenpeace Luxembourg,

 

 

 

 

 

 

 

Roger Spautz