Rapport Arnaques au Congo
Le Bassin du Congo contient la deuxième plus grande forêt
tropicale au monde. Elle est non seulement d'une importance
inestimable en terme de biodiversité et de ressources pour la
population locale mais aussi une gigantesque réserve de carbone,
essentielle à la protection du climat. A ce jour, 25 % de ce
précieux écosystème est déjà sous le contrôle de l'abattage
industriel, en premier lieu en République Démocratique du Congo et
en République du Congo, deux pays qui souffrent d'une corruption
endémique.
Dans le nouveau rapport Arnaques au Congo Greenpeace montre comment
des entreprises telles que le groupe germano-suisse Danzer escroque
chaque année la population de ces pays d'énormes montants dûs au
titre de divers impôts.
Leur stratégie
Danzer a mis en place un système élaboré de blanchiment de ses
béniéfices par lequel la filiale suisse du groupe (Interholco AG)
achète du bois bien en dessous du prix du marché à ses entreprises
soeurs (Siforco et IFO) et place ensuite les bénéfices sur des
comptes bancaires à l'étranger. En agissant ainsi, le groupe Danzer
évite de payer d'importantes sommes dues en vertu des taxes à
l'exportation et de l'impôt des sociétés.
Ce comportement sans scrupules semble être représentatif de
l'ensemble de l'industrie forestière au Congo. Nous avons pu
constater que le montant des pertes de ces gouvernements, provenant
du groupe Danzer uniquement, atteindrait presque 8.000.000 d'euros.
Cela représente le prix de vaccins d'environ 700.000 enfants
congolais en dessous de l'âge de 5 ans ou 50 fois le budget annuel
opérationnel du Ministère de l'environnement en RDC.
Des enfants congolais regardent à travers des panneaux en
bois
Bien d'autres abus
L'année dernière, Greenpeace a publié le rapport
Le pillage des forêts du Congo qui démontrait le chaos social
et la destruction environmentale causés par le secteur de
l'abattage du bois et pointait du doigt Danzer pour commerce
illégal de bois, corruption et relations d'affaire avec des
individus figurant sur la liste noir du Conseil de sécurité des
Nations Unies pour trafic d'armes.
Ces pratiques sont un sérieux obstacle au développement du pays
et anéantissent les efforts réalisés par la communauté
internationale pour lutter contre la pauvreté. Ironiquement, alors
que beaucoup de gouvernements continuent d''investir des millions
dans la reconstruction de la RDC après la guerre, ils ignorent les
conséquences des entreprises sur place qui pillent les ressources
naturelles, contribuant ainsi au changement climatique et privant
la communauté locale d'un emploi durable.
La Banque mondiale échoue dans l'objectif de contrôler
l'expansion de l'abattage industriel du bois et l'amélioration de
la gouvernance dans ce secteur. Certains bailleurs de fonds
envisagent même de donner des aides aux entreprises
forestières.
Il y a également de l'abattage de bois illégal au Parc national
de Salonga, la plus grande réserve de forêts primaires au Congo
Solutions
Le secteur a clairement besoin d'une législation plus sévère et
d'un contrôle efficace du respect de cette législation. En mai
2002, le gouvernement congolais avait annoncé un moratoire sur
l'octroi de nouvelles concessions et le prolongement ou l'extension
des concessions existantes. Greenpeace demande au gouvernement
congolais de maintenir ce moratoire et d'annuler toutes les
concessions octroyées en violation du moratoire. Une révision des
titres forestiers par le gouvernement va avoir lieu mais ce
processus doit être plus transparent.
Les bailleurs de fonds internationaux ne doivent pas soutenir
l'industrie forestrière. Les fonds publics devraient être utilisés
pour financer le contrôle de l'industrie et le développement
local. Les entreprises occidentales avides de profit et dont les
comptes bancaires étrangers débordent ne méritent pas de recevoir
une aide internationale.
Un enfant d'une communauté locale dépendante de la forêt
Les revenus générés par les forêts en tant que puîts de carbone
pourraient être bien plus grands que ceux générés par l'abattage
industriel. La déforestation représente environ 1/5 des émissions
de gaz à effet de serre au niveau mondial. Remplacer l'abattage
industriel en RDC par un système de protection internationale
représenterait un avantage financier pour les populations locales
et ferait du Congo un pays clé dans la sauvegarde du climat.
Demandez à M.Barroso d'interdire le bois illégal
Le pillage illégal des forêts détruit les forêts anciennes et accélère les changements climatiques. Demandez à M.Barroso d'interdire le bois illégal en Europe !