Actualité - juin 28, 2005
Greenpeace s'insurge contre la décision de construire le réacteur expérimental ITER (1) en France et l'engouement aveugle qu'elle suscite. A l'heure où il est universellement reconnu que l'enjeu se situe dans la réduction par 4 de nos émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050, l'association écologiste considère aberrant ce projet mobilisant compétences et milliards d'euros dans un programme de recherche qui n'aboutira pas à des résultats concrets - s'il aboutit un jour - avant la deuxième moitié du siècle.
L'usine Cogema de Cadarache. Atelier de technologie de plutonium - ATPu
Le projet ITER consiste en la construction d'un réacteur
expérimental de fusion, qui vise à recréer la réaction de l'astre
solaire. Ce qui peut paraître simple sur le papier nécessite une
technologique ultra complexe et de l'avis même des experts les plus
optimistes, une production commerciale ne sera pas possible avant
2080.
"La France croit avoir décroché la lune avec ce programme ITER, mais apprivoiser le soleil est particulièrement complexe" déclare
Frédéric Marillier, chargé de campagne Nucléaire à Greenpeace
France.
"La France parait hypnotisée par ce projet démentiel ; elle oublie
l'urgence climatique qui nécessite que des moyens humains et financier
soient mis sur les solutions qui existent et non sur des rêves
atomiques".
Le coût du projet ITER est estimé à 10 milliards d'euros sur 30
ans, dont près de 5 consacrés à la construction de l'installation ;
la France, la région PACA et les différents départements mettront
la main au portefeuille pour près de 1 milliards d'euros ! Ce
projet nécessitera également le développement d'infrastructures,
notamment en apport d'énergie car ITER sera un véritable gouffre
énergétique (2).
"La fusion nucléaire pose exactement
les mêmes problèmes que la fission nucléaire dans la production de
déchets radioactifs, les risques d'accidents et de prolifération.
Pourquoi la France s'obstine-t-elle a poursuivre une option énergétique
néfaste, qui n'est pas susceptible de fonctionner à court terme, alors
que d'autres options écologiquement acceptables existent déjà ?"
s'interroge Frédéric Marillier.
La réaction de fusion met en jeu d'importantes quantités de
tritium, éléments radioactifs déjà présents dans les rejets des
réacteurs actuels. Cet éléments radioactif est aussi un élément de
base de technologie militaire comme le montre de nombreux projets
militaires de recherche comme le laser mégajoule près de
Bordeaux.
En conclusion, la fusion est un rêve qui ne se réalisera peut
être jamais, ou qui pourrait se transformer en cauchemar comme le
nucléaire actuel. En attendant la réalité des enjeux énergétiques
et écologiques demandent des réponses rapides et non des utopies
nucléaires.
Notes:
(1) - International Thermonuclear Experimental Reactor -
Réacteur Thermonucléaire Expérimental International
(2) - Pour démarrer ITER, il faudra disposer de 500 MW, soit
plus de la moitié de la capacité d'une centrale nucléaire. De façon
permanente l'installation aura besoin d'environ 120 MW.