Actualité - avril 21, 2006
Greenpeace Allemagne a décidé d'attaquer en justice le géant laitier européen Campina (Landliebe) pour "faux témoignages à répétition" et a fait parvenir un "rappel à l'ordre" à la compagnie. Campina prétend en effet que le maïs génétiquement modifié MON810, qui est cultivé malgré les oppositions sur quelques hectares en Allemagne, n'atterrit pas, après récoltes, dans les mangeoires des vaches à l'origine de ses produits. Or, Greenpeace a aujourd'hui présenté des nouvelles analyses qui prouvent le contraire, notamment qu'une coopérative agricole de Neutrebbin (Brandenburg), sous contrat avec Campina, distribue bel et bien du maïs MON810 à ses 200 vaches. Dès le 4 avril dernier, Greenpeace avait déjà remis à Campina des documents démontrant que cette même coopérative utilisait du maïs transgénique dans l'alimentation de ses bovins.
Le maïs GM MON863: une expérience dangereuse
"Le comportement de Campina surpasse toute audace!" résume
Alexander Hissting de Greenpeace Allemagne. "Les consommateurs
continuent d'être trompés par l'entreprise: elle leur raconte
uniquement ce qu'elle veut bien leur raconter...". Si Campina ne
suit pas le rappel à l'ordre remis aujourd'hui par Greenpeace,
l'organisation écologiste poursuivra son action en justice.
Greenpeace exige de Campina qu'elle renonce contractuellement avec
ses agriculteurs à la culture et à l'utilisation d'OGM dans
l'alimentation animale.
L'entreprise laitière a ignoré jusqu'ici les documents déjà
déposés par Greenpeace et continue de clamer aux demandes émanant
des consommateurs: "Deux de nos agriculteurs ont testé sur une
petite parcelle de terrain des nouvelles variétés de maïs autorisé,
mais ce maïs n'est absolument pas incorporé à l'alimentation des
vaches". "Campina doit vraiment une bonne explication aux
consommateurs sur son système de traçabilité pour le moins douteux.
Visiblement, maïs transgénique en champs et maïs transgénique dans
les mangeoires se laissent difficilement séparer!" continue
Hissting.
Les nouvelles analyses présentées par Greenpeace proviennent de
deux laboratoires internationaux renommés de Fribourg et Augsburg
(Allemagne). Elles ont été menées sur l'alimentation des vaches à
l'origine des produits Campina chez un agriculteur appartenant à la
coopérative de Neutrebbin qui a, l'année dernière, planté sur 40
hectares du maïs transgénique MON810 à usage commercial. Les deux
laboratoires ont pu rapporter que ce maïs était présent dans tous
les échantillons analysés. Les résultats confirment un taux de 29 à
74% de maïs MON810 sur l'ensemble du maïs observé. Les analyses ont
été envoyées ce matin au siège de Campina Allemagne à Heilbronn et
au siège principal de l'entreprise aux Pays Bas.
Le maïs transgénique MON810 de Monsanto produit un poison qui
tue la pyrale du maïs, un insecte nuisible, mais cause également
des dommages sur des espèces d'insectes protégés et se propage dans
le sol. La Suisse, l'Autriche, la Hongrie, la Grèce et la Pologne
ont interdit la culture du maïs transgénique MON810 en raison des
risques qu'il présente. La semaine dernière, la Slovaquie en a
également interdit la vente des semences pour l'année 2005.
"Dans un contexte où même la Commission européenne commence à
douter de la fiabilité de la procédure d'autorisation des OGM en
Europe, il serait vraiment dans l'intérêt de Campina d'arrêter de
mentir aux consommateurs et de renoncer totalement à encourager la
culture et l'utilisation des OGM lors du processus de fabrication
alimentaire," conclut Anne Thomas de Greenpeace Luxembourg.
Un reportage (avril 2006) effectué par la chaîne de télévision
ARD en Allemagne, "Gen-Futter für Milchkühe", qui rapporte
également le cas Campina, est consultable sous le lien suivant:
http://www.wdr.de/tv/monitor/beitragsuebersicht.phtml