Annya est née en 1990 à Zakopytye, un village fortement contaminé par l'accident nucléaire de Chernobyl en 1986. Une tumeur cancéreuse au cerveau diagnostiqué à l'âge de quatre ans a marqué la fin de l'enfance et le début d'une vie de douleur et de maladie pour Annya.
Ces chiffres prouvent que le bilan mis en avant par l'AIEA, qui
table sur 4.000 décès, représente une minimisation grossière de
l'étendue des souffrances provoquées par Tchernobyl. «Vingt ans après la catastrophe, le mensonge nucléaire perdure. La volonté de l’industrie nucléaire de cacher ses impacts comme les conséquences de Tchernobyl, ou encore la question des déchets nucléaires en présentant l’enfouissement comme une solution, a pour but de servir ces desseins de renaissance»
déclare Roger Spautz, chargé de campagne nucléaire à Greenpeace
Luxembourg. Greenpeace estime qu'il est temps de tourner la page du
nucléaire et de construire une autre politique énergétique, axée
sur la sobriété, l'efficacité énergétique et les énergies
renouvelables.
Basées sur les statistiques nationales du Bélarus en matière de
cancers, les données contenues dans le rapport (1) prévoient
environ 270.000 cancers supplémentaires provoqués par Tchernobyl,
dont 93.000 cancers mortels (2). Le rapport conclut aussi, sur la
base des données démographiques que, durant les 15 dernières
années, 60 000 personnes sont mortes en Russie, et estime qu'au
total le nombre de morts pourrait atteindre 140 000 victimes
supplémentaires en Ukraine et au Belarus (3).
Le rapport se penche également sur les autres impacts sanitaires
de Tchernobyl et conclut que la radioactivité relâchée par
l'accident a des effets dévastateurs sur les survivants: entre
autres, des dommages aux systèmes immunitaires et endocriniens, un
vieillissement accéléré, une augmentation des déformations chez les
foetus et enfants, des aberrations au niveau des chromosomes, ainsi
que des maladies cardio-vasculaires, sanguines et psychologiques.
Même si des incertitudes demeurent concernant l'ampleur exacte des
conséquences de Tchernobyl, des preuves irréfutables montrent que
l'accident a eu un impact important sur la santé de millions de
personnes habitant une grande partie de la planète.
Au-delà de l'impact direct des radiations, la santé des
habitants de l'Ukraine, du Bélarus et de la Russie a également été
affectée par de graves perturbations aux niveaux social et
économique, suite à l'augmentation du coût du système de soins de
santé, la perte de terres agricoles, le déplacement forcé d'environ
300.000 personnes, une force de travail affaiblie ou encore la
crise économique qui a suivi la catastrophe.
Ces conclusions contrastent fortement avec les affirmations de
l'AIEA (4). En avançant le chiffre de 4.000 cancers mortels sans
spécifier que ce chiffre a trait à un groupe restreint de personnes
(les 600.000 'liquidateurs' et les personnes relocalisées suite à
l'accident, alors qu'au moins deux milliards de personnes ont été
touchées par les retombées radioactives), l'AIEA tente de minimiser
le coût humain de la catastrophe de Tchernobyl. L'AIEA a aussi omis
de se pencher sur les impact autres que ceux liés aux cancers et a
tenté d'expliquer ceux-ci par une «radiophobie» généralisée.
«Il est regrettable que l'impact du plus grave accident nucléaire soit ainsi minimisé par l'AIEA,
souligne Ivan Blokov, chargé de campagne Energie du bureau russe de
Greenpeace. Un tel déni des implications réelles est non seulement insultant pour les milliers de victimes, mais remet également en question le mandat même de l'AIEA. Comment, en effet, peut elle prétendre au rôle de gendarme nucléaire mondial si elle ne peut même pas admettre que le nucléaire a anéanti la vie de tant de personnes?»
Notes:
(1) Le rapport 'The Chernobyl Catastrophe - Consequences on
Human Health', est disponible à l'adresse:
http://www.greenpeace.org/france/press/reports/impact-sanitaire-tchernobyl
Le résumé est téléchargeable à l'adresse:
http://www.greenpeace.org/france/press/reports/impact-sanitaire-tchernobyl-fr
(2) L'agenda des événements sur la commémoration de la
catrastrophe de Tchernobyl est consultable en ligne à l'adresse: http://www.greenpeace.org/france/agenda
(3) Joint Institute of Power and Nuclear Research, Académie
nationale des Sciences du Bélarus, Dr.Michail V.Malko, chercheur
principal.
(4) Centre of the Independent Environment Assessment,
Académie des sciences de Russie, Dr. Veniamin Khudoley (et
al.).
(5) Communiqué de presse du 5 septembre 2005.
(6) L'exemple le plus préoccupant en date est celui du
réacteur David Besse, aux Etats-Unis. Malgré les contrôles
réguliers, des fissures n'y ont été découvertes qu'après une
dizaine d'années, et on a frôlé l'accident grave.