Conférence des Nations Unies sur les Changements Climatiques, Poznan, 2008
«Les scientifiques le disent, nous devons agir dans les dix
années qui viennent pour éviter l'emballement des changements
climatiques. Or nous venons encore de perdre l'une d'entre elles!»,
constate Martina Holbach, chargée de campagne climat à Greenpeace
Luxembourg. «A ce stade, la meilleure chose à faire, c'est de tirer
un trait sur la conférence de Poznan, et avancer sur ce qu'il est
possible - et nécessaire - d'accomplir en moins d'un an».
Il est encore possible d'obtenir un accord global à Copenhague.
Les pays en développement continuent de mettre sur la table des
propositions constructives et montrent leur volonté d'agir. Les
messages du sénateur John Kerry et d'Al Gore ces deux derniers
jours confirment encore une fois que l'administration Obama est
prête à s'engager dans la lutte contre les changements climatiques
et à obtenir un accord ratifié par tous l'année prochaine. «Or, au
moment même où le monde pousse un soupir de soulagement face à
l'espoir de la restauration du leardership des Etats-Unis dans le
combat contre les changements climatiques, une poignée de pays
remettent en question leurs obligations et menacent désormais de
gâcher cette opportunité», poursuit Martina Holbach.
La conférence de Poznan a échoué sur trois volets essentiels de
la négociation :
1) Objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de
serre : 12 mois de perdus
A Poznan les pays en développement attendaient un signal clair
des pays industrialisés, premiers responsables des changements
climatiques, sur leurs engagements de réduction d'émissions de gaz
à effet de serre. Mais les pressions de l'Australie, du Canada, du
Japon et de la Nouvelle-Zélande, qui ont combattu toute initiative
pour faire avancer ce sujet, ont conduit à un report du débat au
mois de juin. Résultat: la conférence n'a été qu'un pâle
« copier-coller » des discussions de Bali. «Les pays industrialisés
ont répété mot pour mot les déclarations déjà faites 12 mois
auparavant. Où est le progrès?».
2) Financement de l'aide aux pays en développement : les caisses
restent vides
Deuxième volet fondamental des négociations internationales :
les financements qui vont permettre aux pays en développement non
seulement de faire face aux impacts des changements climatiques,
mais aussi de participer à l'effort global de réduction des
émissions de gaz à effet de serre. Deux questions étaient sur la
table : l'opérationnalisation du fonds pour l'adaptation, et
l'élargissement de son assiette de financement, trop faible.
Résultat : le fonds est enfin opérationnel, mais les pays
industrialisés ont refusé de s'engager à débloquer les financements
supplémentaires pour renflouer ses caisses...
3) Protection des forêts: rien de neuf sous le soleil
Les débats sur la réduction des émissions liées à la
déforestation et à la dégradation forestière (REDD) ont été
cantonnés à l'organe technique et scientifique de la Convention
(SBSTA) et il n'en est pas sorti de progrès substantiel. «Les
résultats des négociations sur REDD sont restés bien en deçà des
attentes. Plus inquiétant, des principes apparaissant pourtant
relativement consensuels, comme la reconnaissance de l'importance
de la biodiversité forestière et des droits des populations
autochtones et autres communautés forestières, ont été violemment
combattus par les négociateurs de pays comme les Etats-Unis, le
Canada, l'Australie et l'Inde. Cela n'est pas de bon augure pour la
suite, car le succès futur de REDD dépend fondamentalement de sa
capacité à intégrer les enjeux sociaux et écologique aux impératifs
climatiques: les forêts tropicales ne se résument pas à des
réservoirs de carbone!», explique Roger Spautz de Greenpeace
Luxembourg.
«Résoudre la crise climatique requiert rien de moins qu'une
pleine et entière coopération mondiale. Ce n'est pas le moment de
dérober à ses obligations ou d'affaiblir ses engagements. Le compte
à rebours vers Copenhague a commencé. Le monde nous regarde»,
conclut Paul Delaunois, directeur de Greenpeace Luxembourg.