Argentine: ouverture de la base des Jaguars

Actualité - août 24, 2005
Le 22 août dernier, Greenpeace inaugurait une "base opérationnelle permanente" de protection de la forêt dans la réserve de Pizarro, dans la région de Salta. Depuis cette base, Greenpeace va mettre en place un certain nombre d'activités pour stopper la déforestation de cette région. Vidéo: intervention des "Jaguars" le 24-08-2005

Les 'Jaguars' de Greenpeace reprennent du service pour la protection de la forêt Amazonienne

Cette inauguration, à laquelle participait l'écrivain canadien Rex Weyler (voir témoignage ci-dessous),qui fut un des premiers membres de Greenpeace, a donné lieu à une cérémonie "wichi", une des populations autochtones de la région, présidée par un Chaman. Les "Jaguars" de Greenpeace, motards défenseurs des forêts anciennes, qui bloquent l'avancée de la déforestation en empêchant la progression des bulldozers, ont reçu à cette occasion une bénédiction wichi pour leur porter chance lors de leurs prochaines actions.

Rex Weyler: "La forêt qui abrite les Wichi serait dévastée par les cultures de soja si Greenpeace Argentine n'intervenait pas, mais grâce aux soutiens dont bénéficie Greenpeace, nous avons la possibilité de sauver cette forêt et ce peuple innocent et magnifique. Nous pouvons sauver la forêt et ses animaux, les jaguars, les tapirs, les oiseaux et toutes les créatures qui y vivent.

Je suis honoré que l'équipe de Greenpeace m'ait invité à les aider dans ce combat. Je suis journaliste à Vancouver, au Canada, où Greenpeace est né il y a de cela 34 ans. J'ai travaillé avec Greenpeace dans les années 70, sur les bateaux, lors des campagnes pour sauver les baleines, les phoques, pour militer contre les armes nucléaires, et pour faire en sorte que cette association devienne une organisation internationale de protection de l'environnement. J'ai écrit un livre sur l'histoire de la naissance de cette organisation, intitulé tout simplement "Greenpeace".

Je suis venu en Argentine parce que l'esprit qui anime cette campagne est l'esprit du Greenpeace des débuts. Quand nous naviguions dans le Pacifique pour sauver les baleines, nous utilisions des bateaux gonflables, les "zodiacs", pour intercepter les baleiniers. Aujourd'hui, dans la région de Salta, Greenpeace Argentine utilise des motos pour stopper les bulldozers. Ces motos sont un peu les "zodiacs de la forêt", et l'équipe des "Jaguars" de Greenpeace est animée du même esprit et du même courage que ceux qui poussaient les premiers militants à s'interposer.

Aujourd'hui, nous avons rencontré le peuple Wichi. C'est le véritable peuple de ces terres. Ils vivent paisiblement des bienfaits de la forêt, dans un véritable esprit de durabilité. Ils nourrissent leurs familles avec les productions de la forêt. Mais les barons du soja veulent détruire cette forêt, détruire les animaux et les oiseaux, et déplacer les populations de ces terres, pour pouvoir tranquillement faire de l'argent avec du soja destiné à nourrir les cochons en Chine et en Europe, mais cela correspond à un modèle économique non viable. Le sol sera abîmé et appauvri d'ici 8 à 10 ans après la destruction de la forêt. Les Wichi n'auront plus d'endroit où vivre. La destruction de la forêt va participer au réchauffement de la planète. Les barons du soja et leurs patrons de Monsanto partiront ailleurs avec leur argent, et la population d'Argentine se retrouvera seule face aux conséquences sociales et environnementales. C'est un crime contre l'humanité et la nature qui se prépare.

Nous pouvons arrêter cette folie. Aujourd'hui, les Wichi nous ont invité sur leurs terres. Ils ont organisé une cérémonie pour nous, et ont fait de nous des "Jaguars", défenseurs de leurs terres. Nous allons parcourir la forêt en moto, et aidés par un hélicoptère, nous allons chercher toute présence de bulldozers. Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir, de façon non-violente, pour stopper les bulldozers dans leur destruction de la réserve Pizarro et des terres des Wichi. Nous le faisons pour la forêt, pour les animaux et pour les peuples autochtones qui en dépendent."