Sur décision de justice, l'épave toxique SEA BEIRUT sera renvoyée en France pour décontamination

Actualité - février 17, 2004
Le 2ème Tribunal administratif d'Izmir a jugé que le navire toxique français Sea Beirut importé par la compagnie CEMSAN devait quitter les eaux turques. L'acheminement illégal du Sea Beirut vers la Turquie avait été rendu public par Greenpeace en mai 2002.

Des militants de Greenpeace protestent devant deux navires anglais prêts à être démantelé en Inde. L'exportation vers un autres pays, de bateaux contenant des produits toxiques est illégale depuis la Convention de Bâle.

CEMSAN, une compagnie implantée dans les chantiers de démolition navale d'Aliaga, avait acheté le Sea Beirut en France début 2002. Greenpeace Méditerranée avait arrêté le navire avant son arrivée à Aliaga car elle le soupçonnait de contenir à son bord de l'amiante et d'autres matériaux toxiques. La présence de ces substances faisait de l'opération une exportation illégale de déchets dangereux selon la réglementation européenne et une importation illégale de déchets toxiques d'après la loi turque. Après examen par les experts du ministère turc de l'Environnement, les soupçons de Greenpeace avaient été confirmés et le renvoi du navire officiellement décidé. La compagnie CEMSAN avait alors déposé un recours en suspension contre l'expulsion du navire. Le tribunal vient de confirmer la validité de la décision ministérielle et CEMSAN est donc tenue de "rapatrier le navire dans son pays d'origine", la France.

"La décision du tribunal confirme l'illégalité de l'importation dans les eaux turques de navires à démanteler contenant des matériaux toxiques. C'est une reconnaissance importante pour un pays qui accueille environ une centaine de ces navires chaque année. Pour assainir ce commerce, la Turquie doit demander aux propriétaires de navires de produire l'inventaire des matériaux dangereux présents à leur bord et de garantir leur décontamination avant qu'ils n'entrent dans les chantiers turcs," déclare Erdem Vardar, responsable de campagne sur les Déchets toxiques de Greenpeace Méditerranée.

Si le jugement rendu confie à CEMSAN la responsabilité du rapatriement, il demeure que les autorités maritimes de France se sont rendues coupables d'une exportation contraire au Règlement européen 259/93 sur les exportations de déchets dangereux, en négligeant d'effectuer une inspection environnementale et en occultant sciemment la présence d'amiante à bord. Témoignages et documents écrits attestent de ce choix cynique visant à éviter les coûts d'une décontamination. Une plainte a été déposée par Greenpeace France au Tribunal Administratif de Lille. "Nous souhaitons que la France prenne ses responsabilités en s'assurant que le Sea Beirut revienne dans un port français où il sera soumis à une décontamination complète. Nous attendons qu'à l'avenir la France participe au développement de règlements et pratiques vertueux en discussion dans différentes instances internationales et non plus à la spirale de l'irresponsabilité qui caractérise encore trop l'industrie navale" commente Yannick Vicaire, responsable de la campagne Toxiques à Greenpeace France.