Comme prévu, les incidents seront banalisés

La banalisation des incidents dans un site nucléaire est nécessaire pour justifier les milliards à investir dans une énergie du passé

Communiqués de presse - janvier 6, 2012
Ce jeudi 5 janvier 2012, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Cattenom s'est arrêté automatiquement. L'exploitant EDF nous informe que l'arrêt inopiné de la tranche 4 serait dû à un défaut électrique. “Celui-ci a conduit à la fermeture fortuite d'une vanne d'alimentation en vapeur située dans la partie non nucléaire de l'installation” a communiqué aujourd'hui EDF. « Comme prévu, les soupapes de protection se sont ouvertes, ce qui a occasionné un bruit audible à l'extérieur du site ».

© Nicolas Chauveau / Greenpeace

«Même si d'après EDF l'incident est resté sans conséquence pour l'homme et l'environnement, il y a quand même eu un arrêt automatique du réacteur n°4, ce qui n'est pas un événement banal» déclare Roger Spautz de Greenpeace Luxembourg.
L'activité se maintiendra probablement encore longtemps dans la centrale de Cattenom si les hommes politiques ne prennent pas conscience de la dangerosité du nucléaire, alors autant nous habituer aux messages de l'exploitant banalisant chaque incident. Comme nous pouvons le prévoir, chaque incident sera banalisé jusqu'à l'accident majeur.

La banalisation des incidents est nécessaire pour justifier les milliards à investir dans des centrales vieillissantes. Mardi, suite à un audit portant uniquement sur les risques d’inondation et de séisme, l’Autorité de sûreté nucléaire a jugé nécessaire plusieurs milliards d’euros de travaux pour atteindre un niveau de sûreté acceptable après Fukushima. Ses conclusions étaient paradoxales. D’un coté, l’ASN assurait «que les installations examinées présentent un niveau de sûreté suffisant pour qu’elle ne demande l’arrêt immédiat d’aucune d’entre elles». Mais parallèlement, elle indiquait que sur le seul périmètre inondation/séisme pris en compte, plusieurs milliards d’euros de travaux seront nécessaires pour que les installations nucléaires satisfassent ces exigences.

L’activité se maintiendra donc même dans des centrales vieillissantes. L’expert allemand, Monsieur Dieter Majer, qui a analysé le rapport sur le «stress test» de  la centrale nucléaire de Cattenom pour le compte du gouvernement luxembourgeois, a conclu que la centrale de Cattenom présente plusieurs défaillances et que les stress tests ne prennent pas en comptent tous les risques qui peuvent provoquer une catastrophe majeure. La centrale de Cattenom est située à proximité de la frontière du Luxembourg et menace directement la population de notre pays en cas d’accident.

Le niveau de sécurité actuel des centrales nucléaires françaises est insuffisant, sans quoi l’ASN ne demanderait pas la réalisation rapide de travaux. Ajoutons que ce récent rapport ne prend en compte que les risques liés à des tremblements de terre et à des inondations. Or ces facteurs naturels sont loin d’être les seuls dangers menaçant les installations nucléaires. Intrusion humaine, chute d’avion, virus informatique : de nombreuses autres menaces rendent les sites nucléaires vulnérables. Greenpeace l’a prouvé le 5 décembre dernier en parvenant à s’introduire et à rester sur deux centrales et à atteindre le point le plus sensible : le bâtiment réacteur.

La question se pose alors de savoir si les politiques vont investir des milliards sur la sécurité des centrales pour prolonger la durée de vie du parc nucléaire. Faut-il continuer à soutenir une technologie polluante, dangereuse pour l’homme et de plus en plus coûteuse plutôt que d’avoir enfin le courage de s’orienter vers les énergies renouvelables? Aux responsables politiques de décider s'ils investissent dans une technologie qui restera dangereuse pour l'homme ou dans la transition énergétique. Il est impossible de sécuriser correctement un site nucléaire. Pour garantir la sécurité, il faut sortir du nucléaire.

 Contact : Roger Spautz ; tel : 54625227 ou 621 233361