Communiqués de presse - avril 4, 2006
Le maïs génétiquement modifié cultivé en Espagne depuis plusieurs années a engendré une contamination génétique sans précédent de l'agriculture traditionnelle et biologique et menace la principale source de revenus d'un certain nombre d'agriculteurs. Tel est le résultat de l'étude "Impossible coexistence"(1) rendue publique aujourd'hui, à la veille de l'ouverture de la Conférence de Vienne sur la "coexistence" entre les cultures traditionnelles et biologiques d'une part et celles qui sont génétiquement modifiées d'autre part. La conférence est organisée par la Commission européenne et la Présidence autrichienne du Conseil de l'UE. Le Luxembourg y est représenté par Fernand Boden, Ministre de l'agriculture.
Agriculteurs bio à Girona, Espagne, brûlant leur récolte contaminée par du mais génétiquement manipulé.
"Cette étude doit être un signal d'alarme clair pour la
Commission européenne et les Etats-membres quant aux conséquences
néfastes de la culture des plantes transgéniques", explique Juan
Felipe Carrasco, chargé de campagne OGM pour Greenpeace Espagne et
co-auteur de l'étude. "La réalité n'a malheureusement rien à voir
avec ce que laissent entendre les autorités espagnoles et les
compagnies de biotechnologie Monsanto et Syngenta: les lignes
directrices en matière de culture d'OGM ne sont pas respectées, des
contrôles réguliers ne sont pas effectués et les effets sur
l'environnement ne sont pas minimes". Selon les agriculteurs
traditionnels et biologiques des régions d'Aragon et de Catalogne,
régions dans lesquelles la culture du maïs transgénique est la plus
dense en Espagne, la culture à l'échelle industrielle des OGM
représente une menace grave pour leur principale source de
revenus.
L'étude "Impossible Coexistence" se base sur des recherches en
champs et des analyses faites sur les cultures de maïs de plus de
40 agriculteurs conventionnels et biologiques différents. Les
résultats montrent que près d'un quart des champs de maïs
conventionnels sont contaminés par du maïs transgénique jusqu'à un
taux pouvant atteindre 12,6%. Les agriculteurs subissent des pertes
économiques importantes dues au fait que ces récoltes contaminées
ne reçoivent plus certaines primes. De plus, dans 3 cas, des
variétés de maïs ayant fait l'objet d'amélioration afin de pouvoir
s'adapter aux conditions locales dans le cadre du programme de
reproduction végétale sélective sur plusieurs années, ont été
contaminées irréversiblement.
"Au vu des développements dramatiques qui ont lieu en Espagne,
Greenpeace exige l'arrêt immédiat de toutes cultures de plantes
transgéniques dans ce pays", continue Anne Thomas de Greenpeace
Luxembourg. "Nous demandons au Ministre de l'agriculture
luxembourgeois, Fernand Boden, de s'engager au niveau européen, à
la conférence de Vienne, pour la protection illimitée d'une
agriculture sans OGM en Europe".
Greenpeace demande également que le droit de créer des "Régions
sans OGM" soit reconnu par la législation européenne. Bien que les
quelques 172 régions et 4500 municipalités "sans OGM" d'Europe
réclament ce droit avec véhémence(2), il n'a pour l'instant
toujours pas été accepté officiellement par la Commission.
Other contacts:
Juan Felipe Carrasco, Greenpeace Espagne, Tel. 0034 626 998 244 (espagnol, français)
Anne Thomas, Greenpeace Luxembourg, Tel. 021 19 46 21
Notes:
(1) "Impossible Coexistence: Seven years of GMOs have contaminated organic and conventional maize, an examination of the cases of Catalonia and Aragon". Etude menée durant l'année 2005 par Greenpeace Espagne, Plataforma Transgènics Fora! et Assemblea Pagesa de Catalunya. Résumés en français et en allemand disponibles auprès de Greenpeace, tél. 021 19 46 21
(2) Demain, 5 avril, aura lieu une marche réunissant plusieurs centaines de représentants des "Régions sans OGM" d'Europe.