Entre le Luxembourg et le Groenland, il y a la responsabilité climatique!

Communiqués de presse - septembre 23, 2008
Dix membres du panel citoyen 180° ont participé au premier voyage d’étude prévu dans le cadre du projet 180° (1). Ils ont vécu au Groenland une expérience concrète et inoubliable sur les impacts réels du changement climatique.

Iceberg près du glacier Eqip Sermia

De l'impression générale des participants au voyage d'étude, le Groenland est bouleversant, impressionnant et magnifique. Ainsi Sarah et Michèle déclarent sur le blog: «Si nous sommes restées impressionnées hier, aujourd'hui il nous est presque impossible de décrire notre vécu. Une mer de glace à perte de vue, au loin un mur blanc se dresse devant nous, le glacier».

Pourtant, cet environnement polaire est menacé. D'après le Centre national américain de la neige et de la glace (NSIDC), les glaces arctiques continuent nettement à se réduire sous l'effet du réchauffement climatique. Les observations satellitaires ont enregistré cet été la deuxième plus importante ampleur de fonte de l'océan arctique depuis 30 ans avec une réduction de 40% de la banquise par rapport à la moyenne observée entre 1979 et 2000. D'après les récentes observations, le pôle nord pourrait même être pour la première fois au cours des temps modernes momentanément libéré des glaces en septembre de cette année. «Ce que nous observons ces dix dernières années est une vaste réduction des glaces arctiques, notamment ces trois dernières années, et cette tendance sur le long terme fera qu'il pourrait ne plus y avoir de glace l'été dans l'océan arctique d'ici 2030 ou autour de cette date » précise le glaciologue Mark Serreze du NSIDC.

Les membres du Panel 180° ont pu se rendre compte de visu de cette situation lors de l'excursion en hélicoptère du glacier Sermeq Kujalleq qui est l'un des glaciers les plus rapides (19 m d'avancée par jour) et les plus actifs du monde. Son vêlage annuel représente plus de 35 km cube , soit 10 % des icebergs du Groenland, dépasse celui de tous les autres glaciers du monde en dehors de l'Antarctique.

C'est après le voyage en bateau entre les Icebergs vers le glacier Equip Sermia que Philippe a donné le récit suivant de son expérience vécue: «(...) Ce site, qui est le berceau de ces magnifiques blocs blancs, est aussi le lieu où meurent les glaciers dans un spectacle à couper le souffle. Aujourd'hui, de nombreuses personnes locales peuvent témoigner de l'augmentation de la vitesse de formation des icebergs mais aussi, en conséquence, du recul du front du glacier».

Pour les organisateurs du projet 180°, ces voyages d'études ne sont pas des voyages d'agrément touristique. Le programme est conçu pour permettre aux participants d'assimiler une réalité particulière et de la restituer sous diverses formes de manière à sensibiliser la population luxembourgeoise au changement climatique.

Ainsi, Albert tire par exemple cinq enseignements de son expérience personnelle:

  1. «Le changement climatique est observé depuis quelques années par les Groenlandais. L'hiver commence de plus en plus tard. Il y a moins de neige. Les glaciers sont en forte régression. La mer ne gèle plus comme auparavant. Il y a des années où la glace n'est plus assez épaisse pour circuler dessus avec les chiens de traineaux.
  2. Les scientifiques, par leurs études, confirment les observations faites par les Groenlandais.
  3. Les Groenlandais ne peuvent guère contribuer à réduire les causes du changement climatique. Il n'y a qu'environ 56.000 habitants. Le pays n'est pratiquement pas industrialisé. Les émissions de gaz à effet de serre du Groenland sont négligeables à l'échelle mondiale.
  4. En conséquence, le Groenland est en train de changer. Etant donné qu'il devient de plus en plus difficile de se déplacer sur la glace, et à défaut d'autres moyens, les petits villages sont abandonnés et la population se concentre dans des villes comme Ilulissat (5.000 habitants). Les chiens de traineaux sont mal nourris et leur nombre s'est fort réduit. Comme les occupations classiques de la population indigène sont devenues plus difficiles à exercer, il y a peu d'occupations. Le taux de chômage est très élevé et les problèmes sociaux, comme l'alcoolémie, l'inceste et le suicide sont les conséquences de cette évolution.
  5. Pour contrer les conséquences socio-économiques du changement climatique, le Groenland va devoir s'adapter. Dans l'obligation de s'adapter, beaucoup de Groenlandais voient aussi une chance de s'enrichir. Aujourd'hui déjà certains pensent à abolir l'industrie de la pêche et à investir dans l'exploitation des ressources naturelles. En effet, sous la calotte de glace on pense trouver des minerais, du gaz et du pétrole».

De nombreuses réflexions ont assailli les membres du Panel 180° au cours de ce voyage les amenant à prendre conscience de la complexité des impacts liés au réchauffement de la planète et de la responsabilité relative de tout un chacun pour s'informer, communiquer et agir contre le changement climatique.

Other contacts:

Roger Spautz (coordinateur du projet 180°): 621 23 33 61 ou

VVPR info:

Photos et vidéo sur http://www.180grad.lu

Notes:

(1) Le projet "180° - le virage climatique" est initié par Caritas Luxembourg, Action Solidarité Tiers-Monde et Greenpeace Luxembourg. Il a pour objectifs de faire participer les citoyens aux défis que pose le changement climatique, de sensibiliser l’opinion publique à la question climatique au travers les expériences vécues par un panel de citoyens représentatif de la société luxembourgeoise et enfin de soutenir l’action publique pour lutter contre le changement climatique. Informations sur http://www.180grad.lu