Iceberg près du glacier Eqip Sermia
De l'impression générale des participants au voyage d'étude, le
Groenland est bouleversant, impressionnant et magnifique. Ainsi
Sarah et Michèle déclarent sur le blog: «Si nous sommes
restées impressionnées hier, aujourd'hui il nous est presque
impossible de décrire notre vécu. Une mer de glace à perte de vue,
au loin un mur blanc se dresse devant nous, le glacier».
Pourtant, cet environnement polaire est menacé. D'après le
Centre national américain de la neige et de la glace (NSIDC), les
glaces arctiques continuent nettement à se réduire sous l'effet du
réchauffement climatique. Les observations satellitaires ont
enregistré cet été la deuxième plus importante ampleur de fonte de
l'océan arctique depuis 30 ans avec une réduction de 40% de la
banquise par rapport à la moyenne observée entre 1979 et 2000.
D'après les récentes observations, le pôle nord pourrait même être
pour la première fois au cours des temps modernes momentanément
libéré des glaces en septembre de cette année. «Ce que nous
observons ces dix dernières années est une vaste réduction des
glaces arctiques, notamment ces trois dernières années, et cette
tendance sur le long terme fera qu'il pourrait ne plus y avoir de
glace l'été dans l'océan arctique d'ici 2030 ou autour de cette
date » précise le glaciologue Mark
Serreze du NSIDC.
Les membres du Panel 180° ont pu se rendre compte de visu de
cette situation lors de l'excursion en hélicoptère du glacier
Sermeq Kujalleq qui est l'un des glaciers les plus rapides (19 m
d'avancée par jour) et les plus actifs du monde. Son vêlage annuel
représente plus de 35 km cube , soit 10 % des icebergs du
Groenland, dépasse celui de tous les autres glaciers du monde en
dehors de l'Antarctique.
C'est après le voyage en bateau entre les Icebergs vers le
glacier Equip Sermia que Philippe a donné le récit suivant de son
expérience vécue: «(...) Ce site, qui est le berceau de ces
magnifiques blocs blancs, est aussi le lieu où meurent les glaciers
dans un spectacle à couper le souffle. Aujourd'hui, de nombreuses
personnes locales peuvent témoigner de l'augmentation de la vitesse
de formation des icebergs mais aussi, en conséquence, du recul du
front du glacier».
Pour les organisateurs du projet 180°, ces voyages d'études ne
sont pas des voyages d'agrément touristique. Le programme est conçu
pour permettre aux participants d'assimiler une réalité
particulière et de la restituer sous diverses formes de manière à
sensibiliser la population luxembourgeoise au changement
climatique.
Ainsi, Albert tire par exemple cinq enseignements de son
expérience personnelle:
- «Le changement climatique est observé depuis quelques
années par les Groenlandais. L'hiver commence de plus en plus tard.
Il y a moins de neige. Les glaciers sont en forte régression. La
mer ne gèle plus comme auparavant. Il y a des années où la glace
n'est plus assez épaisse pour circuler dessus avec les chiens de
traineaux.
- Les scientifiques, par leurs études, confirment les
observations faites par les Groenlandais.
- Les Groenlandais ne peuvent guère contribuer à réduire les
causes du changement climatique. Il n'y a qu'environ 56.000
habitants. Le pays n'est pratiquement pas industrialisé. Les
émissions de gaz à effet de serre du Groenland sont négligeables à
l'échelle mondiale.
- En conséquence, le Groenland est en train de changer. Etant
donné qu'il devient de plus en plus difficile de se déplacer sur la
glace, et à défaut d'autres moyens, les petits villages sont
abandonnés et la population se concentre dans des villes comme
Ilulissat (5.000 habitants). Les chiens de traineaux sont mal
nourris et leur nombre s'est fort réduit. Comme les occupations
classiques de la population indigène sont devenues plus difficiles
à exercer, il y a peu d'occupations. Le taux de chômage est très
élevé et les problèmes sociaux, comme l'alcoolémie, l'inceste et le
suicide sont les conséquences de cette évolution.
- Pour contrer les conséquences socio-économiques du
changement climatique, le Groenland va devoir s'adapter. Dans
l'obligation de s'adapter, beaucoup de Groenlandais voient aussi
une chance de s'enrichir. Aujourd'hui déjà certains pensent à
abolir l'industrie de la pêche et à investir dans l'exploitation
des ressources naturelles. En effet, sous la calotte de glace on
pense trouver des minerais, du gaz et du
pétrole».
De nombreuses réflexions ont assailli les membres du Panel 180°
au cours de ce voyage les amenant à prendre conscience de la
complexité des impacts liés au réchauffement de la planète et de la
responsabilité relative de tout un chacun pour s'informer,
communiquer et agir contre le changement climatique.
Other contacts:
Roger Spautz (coordinateur du projet 180°): 621 23 33 61 ou
VVPR info:
Photos et vidéo sur http://www.180grad.lu
Notes:
(1) Le projet "180° - le virage climatique" est initié par Caritas Luxembourg, Action Solidarité Tiers-Monde et Greenpeace Luxembourg. Il a pour objectifs de faire participer les citoyens aux défis que pose le changement climatique, de sensibiliser l’opinion publique à la question climatique au travers les expériences vécues par un panel de citoyens représentatif de la société luxembourgeoise et enfin de soutenir l’action publique pour lutter contre le changement climatique. Informations sur http://www.180grad.lu